Aux États-Unis le MDD AV-8B Harrier II n’a pas bonne réputation. Mais l’État-major des Marines, qui souhaitait une commande supplémentaire, prit la décision en 2002 d’évaluer les capacités de l’appareil en Afghanistan. L’altitude moyenne des terrains y est pourtant trop élevée pour permettre de réaliser des décollages ou atterrissages verticaux, ce qui est la raison d’être de l’avion.
C’est dans ce contexte que Michael Franzak nous invite à monter avec lui dans le cockpit de son Harrier, qui décolle le 7 octobre 2002 de Yuma, en Arizona, pour un voyage mouvementé qui conduit un détachement de six Harrier du Marine Attack Squadron 513 jusqu’à Bagram. Les premières missions mettent en évidence une certaine improvisation, une météo imprévisible et un aérodrome dangereux, aussi dangereux que tout l’Afghanistan.
La fatigue liée à de longues missions de nuit sans action de combat, la frustration de ne pouvoir engager un ennemi trop furtif qui se joue de la technologie la plus moderne, l’éloignement familial vont amener l’auteur à s’enfoncer dans un état psychologique oscillant entre la dépression et la crise mystique. ‘Zak’ parle aux étoiles, chique du tabac à mâcher pour se décontracter durant les missions, développe ses techniques pour empêcher la pluie de s’infiltrer jusqu’à son lit. Sans parler de tensions dans les relations hiérarchiques. Autant de digressions qui, associées à quelques erreurs typographiques et quelques imprécisions dans la traduction, rendent le récit chaotique.
Et puis soudain, page 245, bien au-delà d’un cahier central nous offrant 25 photos, on entre dans le vif du sujet avec les premières bombes larguées par « Zak » qui se sent enfin utile. Il était temps : le mois suivant le détachement du VMA-513 regagne l’Arizona.
Michael Franzac prend le soin de terminer en précisant que ce livre raconte une guerre de son seul point de vue. Le lecteur se demandera s’il doit ranger ce livre au rayon des autobiographies ou à celui des essais philosophiques sur « une guerre en quête de stratégie ». Dans le meilleur des cas il aura fait une bonne action : une partie des droits de ce livre est versée à une association assurant un soutien psychologique aux proches de militaires américains disparus.
Jean-Louis Bléneau
310 pages, 15,3 x 24 cm, broché
0,490 kg