Le public aime les héros, mais en quantité limitée. C’est ainsi que la littérature aéronautique abonde sur certaines grandes figures de l’épopée des Lignes Latécoère ou de l’Aéropostale, mais qu’elle occulte par souci de simplification bien d’autres personnages d’importance ayant participé au défrichage des routes du ciel. C’est d’autant plus flagrant lorsqu’il s’agit de mécaniciens, lesquels étaient souvent, au moins autant que les pilotes, ceux qui maintenaient l’avion en l’air.
Ce portrait de Louis Cavaillès, quel meilleur préfacier pouvait-on lui trouver que Gaston Vedel, le « pilote oublié » ? En deux phrases, il résume la mission du mécano :
« Faire marcher un moteur qui a envie de s’arrêter, et de s’arrêter en plein Atlantique. »« Oublier qu’on va peut-être mourir pour ne penser qu’à faire tourner cette mécanique totalement incertaine et qui pourtant permet aux ailes de voler. »
Cavaillès les côtoya tous, les Mermoz, Gimié, Collenot, Vedel, Dabry, Guillaumet, Reine, Codos… que l’on rencontre dans ces pages construites essentiellement autour des entretiens qu’eut l’auteur avec ce mécanicien qui fut l’ami de Collenot.
Davantage qu’une biographie, Cavaillès, compagnon de Mermoz est également un étonnant ensemble de témoignages et d’édifiantes anecdotes sur l’aviation civile de l’époque héroïque. Jean-Pierre Gaubert, à qui l’on doit l’excellent « petit précis » L’Aéropostale, la religion du courrier, nous offre un ouvrage réussi, d’une grande richesse, tant par son contenu que par le charme de sa plume.
En annexe, on trouvera entre autres un index des noms cités, un recensement des cent vingt-huit morts et disparus des Lignes Latécoère et de l’Aéropostale, quelques lettres et un bref historique.
L’éditeur toulousain Loubatières, à qui la thématique « Courrier Sud » semble réussir, a eu la riche idée de cette réédition, dans une version augmentée, du livre paru initialement en 1983. Il enrichit ainsi une collection naissante où Louis Cavaillès rejoint Marcel Reine et Pierre Deley, et que nous souhaitons vivement voir s’étoffer encore.
Un grand livre pour un grand Monsieur.
Ph. Ballarini
352 pages, 16 x 24 cm, couverture souple.Cahier 16 pages de photographies noir et blanc.
– Préface de Gaston Vedel.