Le sujet peut paraître surprenant, beaucoup de gens semblant croire que la Belgique n’avait pas d’histoire de l’aviation. Certes, son histoire aéronautique n’a pas l’ampleur de celles de la France, de l’Allemagne ou du Royaume-Uni, ses proches voisins, mais elle n’est pas négligeable et il serait sot et prétentieux de la balayer d’un revers de main comme un sujet sans importance ; il ne faudrait pas que les Français tombent dans le même travers que les Américains qui ont, selon eux, tout inventé. Que la France soit le berceau de l’aviation ne fait pas un doute, mais nos voisins belges ne sont pas restés sur la touche, même si leur participation à l’histoire de l’aviation est plus modeste, essentiellement en raison de la taille réduite de la nation belge.
Cent ans de technique aéronautique en Belgique, le titre est un peu restrictif. Un amateur éclairé comprendrait mal (et certainement avec raison) comment on peut parvenir à remplir deux épais volumes en se tenant strictement à ce sujet. Entendons-nous bien : ces deux riches volumes ne se limitent pas à la seule question de la technique aéronautique belge, mais à toute l’histoire de son aviation. On y déborde même de ses frontières pour situer l’aviation belge parmi les autres, en particulier française, de même que ne sont pas évoqués simplement les appareils de construction ou d’origine belge, mais tous ceux qui ont servi en Belgique, tant dans les forces armées que dans l’aviation civile. C’est donc une véritable petite encyclopédie que nous avons en main.
Un tel projet d’écriture a nécessairement posé des problèmes d’organisation et d’écriture, et un lecteur impatient ou malavisé comprendrait mal comment, dans un ouvrage historique, on peut évoquer le F-16 Fighting Falcon avant le Fairey Battle ou le Renard R-31. La table des matières du tome 1 nous éclaire : après un chapitre premier nous menant de façon globale des précurseurs (quelle que soit leur nationalité) au début de la Grande Guerre, trois autres sont consacrés successivement à l’avion en tant qu’arme aérienne, à l’observation et à la reconnaissance, puis aux entreprises aéronautiques avant la Seconde Guerre Mondiale. Les deux chapitres centraux sont eux-mêmes organisés de façon chronologique. Le second tome ne comprend que deux chapitres, mais ceux-ci sont volumineux. Le premier prend le relais du dernier volet du tome précédent, en présentant les entreprises aéronautiques après la guerre, le second est entièrement consacré aux voilures tournantes, ainsi isolées des autres aéronefs.
On se doit de saluer l’ambition des auteurs de rassembler en 776 pages une « histoire aérienne de la Belgique ». La tâche fut sans doute ardue, et c’est perceptible au vu de l’organisation un peu particulière des chapitres. Il n’en demeure pas moins que les auteurs ont largement fait le tour de la question. L’ouvrage est illustré de nombreuses photographies en noir et blanc, plutôt bien reproduites, et chaque tome se termine sur un cahier photos dont la plupart sont en couleurs. Un livre volumineux, pas nécessairement facile, mais indispensable aux amateurs belges d’histoire de l’aviation, mais aussi à ceux qui se départiraient de leur nombrilisme franco-français, ne serait-ce que pour faire connaissance avec Pierre de Caters, Nicolas Florine, Alfred Renard, Jean Stampe…
Philippe Ballarini
Tome I : 402 pages, 16 x 24 cm, broché
Tome II : 374 pages, 16 x 24 cm, broché
Tome I + Tome II : 776 pages
0,680 kg + 0,660 kg = 1,340 kg