Fin 2011, Le Lombard publiait le premier tome d’une nouvelle série : Centaures, écrite par Emmanuel Herzet et dessinée par Éric Loutte. Le premier tome se concluait en pleine action, laissant attendre une suite rapide… qui ne vint pas. Ce n’est que neuf ans plus tard, avec les renforts d’André Le Bras et de Gilles Laplagne, que la conclusion de cette aventure maritime est enfin publiée.
Signe du temps passé : le premier tome montrait Nicolas Sarkozy à l’Élysée, le second paraît sous le mandat d’Emmanuel Macron…
©Éditions Le Lombard
Herzet place son action aux Amandine, un archipel fictif de l’Océan indien, ancien territoire d’outre-mer français, inspiré des Comores et de Maurice. Il y déroule une histoire de coup d’État, où interviennent d’une part des mercenaires hexagonaux supportant les révolutionnaires, et d’autre part le Charles-de-Gaulle en soutien des loyalistes et des civils français pris entre deux feux. Une touche de géopolitique et d’espionnage se glisse donc entre deux scènes d’action. Jaguar, Super Étendard et Rafale tiennent le devant de l’affiche, sans éclipser les opérations au sol, les soutiens héliportés et même… un Mystère 10, amené à apponter avec un président à bord !
Dans Centaures, le manque de professionnalisme des pilotes semble souvent irréaliste… mais les plus observateurs noteront que c’est justement à Pélican 33 que, six ans après la parution de ce dessin, un commandant de bord « autocratique » a fait accrocher une péniche !
©Éditions Le Lombard
La narration est parfois un peu dense, et les personnages ont tendance à être des sortes de « cow-boys » qui font fi des règles, se bagarrent pour des fadaises et, dans la réalité, ne garderaient sans doute pas longtemps leur poste. Mais le rythme est bon, les séquences s’enchaînent sans temps mort et si le récit n’est pas toujours très clair, il est entraînant d’un bout à l’autre.
Le graphisme de Loutte est sans surprise parfaitement maîtrisé. La mise en page est moderne, dynamique, et le trait réaliste trouve un bon équilibre entre détails et pureté des lignes. La transition entre les deux tomes est fluide, le travail de Le Bras et Laplagne restant fidèle aux canons du premier volume, et c’est principalement la mise en couleur qui évolue avec des textures un peu plus marquées et des tonalités plus claires.
Le second tome est moins fixé dans une époque précise, mais il conserve quelques passages de Super Étendard.
©Éditions Le Lombard
Ces deux volumes forment donc un ensemble cohérent. Il s’agit d’une bande dessinée d’action aéronautique très classique : des personnages un peu bruts de décoffrage, un scénario touffu mais rythmé, un graphisme soigné, maîtrisé et dynamique.
Franck Mée
48 pages, 22,4 x 30 cm, couverture cartonnée
0,600 kg
12,45 €
Avec l’aimable autorisation des
© Éditions Le Lombard
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