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Coup de cœur 2013 |
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Il est des lieux aéronautiques dont l’histoire nous est suffisamment familière pour que nous puissions en tracer les grandes lignes tout au long du XXe siècle ; d’autres en revanche sont complètement effacés de notre mémoire. Il reste une catégorie particulière, celle des aérodromes dont on se rappelle avoir vu apparaître le nom au détour de tel ou tel événement, mais sans pouvoir en dire d’avantage. Challes-les-Eaux en faisait partie, car il faut bien parler au passé après le remarquable ouvrage que vient de publier Jean-Noël Violette à ce sujet, à l’occasion du centenaire de la plate-forme savoyarde.
Une fois de plus, les sources que l’auteur a pu utiliser nous montrent la rupture qu’a engendrée la Seconde Guerre mondiale, dans l’histoire de notre pays, bien sûr (c’est un lieu commun), mais aussi dans les sources qui nous sont aujourd’hui disponibles, même si les archives départementales d’une région relativement éloignée des combats n’ont pas trop souffert de ceux-ci, à l’opposé de certaines villes du Nord de la France. Il n’empêche que les sources disponibles restent particulièrement lacunaires, ce qui permet d’apprécier d’autant plus le travail de tri et d’interprétation de l’auteur, travail trop rare… comme de récents exemples ont pu nous le montrer.
Lorsque l’on s’attelle à écrire l’histoire d’un aérodrome, la première question est de se décider entre une approche thématique ou bien une trame chronologique. Si Jean-Noël Violette a retenu la deuxième solution, il a su éviter de tomber dans la simple éphéméride grâce à une vaste connaissance du sujet qui lui permet régulièrement de prendre le recul nécessaire par rapport aux événements banals.
Deux grandes périodes, donc. La première se partage entre le développement des aéro-clubs locaux et la visite régulière d’unités militaires, récit qui nous permet de replacer ces quelques brides que nous semblions connaître, comme le nom du pilote Joseph Thoret, pionnier encore trop peu connu du vol à voile et du vol en montagne, tout comme celui de la fameuse « École des remous », dont il est ici l’initiateur. En ce qui concerne l’aviation privée, il ne nous reste qu’à espérer que nous puissions disposer dans quelques années d’une vingtaine d’ouvrages de cette qualité pour pouvoir, au-delà des particularités locales, se faire une idée plus générale de l’activité des aéro-clubs de 1920 à 1950. Avouons juste que l’on se perd parfois un peu dans les dénominations prises pars les aéro-clubs locaux, mais l’expérience montre que parfois plusieurs noms sont utilisés le plus officiellement du monde !
En contrepoint à cette première époque, on lira avec une attention particulière l’évocation de l’activité vélivole qui parvient à survivre dans les années 1940-1942 avant la disparition de la zone dite « libre », et qui vient compléter certains travaux récents de la commission historique de la Fédération Française de Vol à Voile sur un sujet encore complètement oublié il y a peu. Un tableau résumant l’activité des quelques clubs actifs dans ces années noires montre l’activité particulièrement importante du terrain de Challes-les-Eaux, mais au-delà du simple cas local, il donne une bonne image générale de la situation dans tout le pays.
Comme nous l’avions signalé à propos d’un autre excellent ouvrage consacré aux ailes angevines, la période qui suit la fin de la Seconde Guerre mondiale est plus largement traitée, grâce aux sources plus nombreuses bien sûr, mais également ― et peut-être même surtout — grâce à la propre expérience de vélivole de l’auteur et aux témoignages qu’il a pu recueillir. Avec le développement de l’autre aérodrome de Chambéry-Voglans en bordure du lac du Bourget, la plate-forme se tourne définitivement vers les sports aériens, même si la sélection initiale des pilotes de l’armée de l’Air y est faite jusqu’au milieu des années cinquante. Si le Centre national déménage progressivement vers d’autres lieux, l’activité purement vélivole s’y est maintenue jusqu’aujourd’hui malgré une urbanisation rampante mais inévitable des environs.
Certains pourront trouver cette partie trop développée, mais nous avons bien affaire à un travail de référence et, encore une fois, il y a suffisamment de matière dans le texte pour ne pas tomber dans la simple énumération (ce qui n’empêche pas la présence en annexes de diverses listes précises) ; c’est bien toute l’histoire de la vitalité du vol à voile français qu’on trouve ici, comme en filigrane.
Comme souvent, on regrettera que certaines photos ne soient pas plus grandes, mais l’édition a ses contraintes et c’est bien un des seuls reproches que l’on pourrait formuler. Inutile de préciser que c’est un incontestable coup de cœur de l’Aérobibliothèque.
Pierre-François Mary
288 pages, 17 x 24 cm, relié, 0,875 kg
Plus de 400 illustrations en couleur
Avec l’aimable autorisation de
© Bleu Ciel Éditions
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© Bleu Ciel Éditions
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© Bleu Ciel Éditions
Note : cet ouvrage a été ré-édité au printemps 2022, édition revue et complétée, disponible auprès du
Centre Savoyard de Vol à Voile Alpin
Avenue de Chambéry
73190 Challes-les-Eaux
Mail : cliquer ici-
