La série noire subie par l’aviation commerciale cet été a mis en lumière le peu de scrupules de certaines compagnies quant à la sécurité de leurs passagers. Le problème de la sécurité aérienne dans les petites entreprises aéronautiques n’est pourtant pas récent, mais cette actualité dramatique a rendu ce point réellement crucial au point de provoquer quelques psychoses collectives, pas toujours justifiées toutefois.
Il existe donc des compagnies peu sûres, et Jean-Pierre Otelli nous présente quelques cas terriblement représentatifs de ces entreprises qui n’existent que pour, à n’importe quel prix, faire un maximum de profit en un minimum de temps.
Dans un premier temps, l’auteur se livre à une relecture critique du premier rapport factuel de l’aviation égyptienne relative à l’accident de Sharm El-Sheikh. Le moindre que l’on puisse dire, c’est que les points litigieux et troublants sont légion. Et pourtant, si on suit le raisonnement et les conclusions de JP Otelli, les causes de l’accident sont, somme toute, relativement simples, pertes des références visuelles, et surtout peu d’expérience de l’équipage présent ce jour-là à bord du 737 ce qui montre à quel point, dans certains pays, les normes internationales de formation et d’entraînement des pilotes de lignes ne sont pas du tout suivies. C’est un point qui n’avait encore jamais été vraiment soulevé par les médias.
Problèmes de maintenance, rigueur relative de l’entretien des machines, manque de formation des équipages, temps de repos non respectés, de nombreux accidents auraient sans doute étés évités si les normes internationales avaient été scrupuleusement suivies. Mais ces procédures sont coûteuses et ces compagnies ne vivent que d’expédients. Et il n’y a pas que les compagnies dites « charter » à flirter régulièrement avec l’illégalité.
Comme à l’accoutumée, Jean-Pierre Otelli assène quelques vérités dans ces récits élaborés à partir des rapports d’accidents officiels qu’il commente et où il retrace les enchaînements d’évènements qui ont mené certains vols à leur terme prématuré.
Bien sûr, la sécurité aérienne absolue n’existe pas, mais on doit bien convenir que voler à bord des avions de certaines nations, les risques sont plus importants qu’ailleurs. Ce livre un peu polémique doit aussi permettre aux candidats au voyage de s’interroger sur les raisons qui font que certains vols «coûtent moins cher que la course en taxi jusqu’à l’aéroport».
Reste que certaines histoires font réellement froid dans le dos au candidat aux grandes vacances ; ainsi l’auteur procède-t-il à quelques conseils au voyageur, et livre les tableaux des accidents de ces 5 dernières années. Ce qui estompe le caractère dramatique de sa démonstration puisque, en dépit de la « série noire », le bilan 2005 reste un des tout meilleurs de l’histoire de l’aviation.
Ce livre constitue donc à la fois un recueil de récits bien menés et une tentative de faire prendre conscience aux estivants qu’il leur appartient, par un comportement de consommateur averti, de ne pas favoriser certains abus nuisibles, car dans certains pays les pouvoirs publics semblent bien désarmés sur ce point.
Frédéric Marsaly
348 pages, 24 x 14,5 cm, broché
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