Précisons que pour une fois, le titre est trop restrictif ! En effet, et la quatrième de couverture n’en laisse rien deviner, l’auteur a aussi considéré — très succinctement, il est vrai — leurs concurrents malheureux (YF-23 & X-32) et le futur adversaire potentiel, le Sukhoï T-50.
Philippe Poulet aborde les chasseurs furtifs américains en rappelant trop rapidement ce qu’est la furtivité et en quoi les ingénieurs peuvent réduire la perception d’un avion par toute forme de détection. Fort opportunément, il n’oublie pas d’évoquer où en sont les Russes dont les études ont permis au début de l’année de faire voler le fruit de leur approche d’un chasseur discret.
La suite est fort classique : description de chaque programme en deux parties, la première en narrant la confrontation des deux projets en compétition et leurs premiers vols, puis un chapitre est consacré au vainqueur et à sa carrière solo, ou du moins à ses prémices pour le F-35.
Cet ouvrage nous a paru moins achevé que Avions espions par un certain nombre de coquilles, des mises en exergue mal pensées (parler du F-35 sur un cliché du X-32 est pour le moins maladroit) ou des légendes incomplètes (le cliché du X-29 ne le nomme pas, bien que soulignant sa caractéristique essentielle). Il est par exemple surprenant qu’en dehors du canon de 20 mm du F-22, l’armement ne soit pas plus détaillé et qu’aucune remarque sur les baies d’armement souligne leur rôle et avantage. Elles ne sont pourtant pas anodines du tout dans le concept de furtivité ! Côté F-35, on remarque que peu de clichés sont légendés alors que l’avion est décliné en trois versions. Le lecteur attentif pourra jouer aux devinettes, mais il eût été plus simple de lui faciliter la tâche.
On se retrouve donc avec un livre effleurant le sujet. À trop vouloir ne pas affirmer des éléments encore sujets à caution, l’auteur a fini par passer à côté de l’essence même de ces appareils et a trop rapproché son travail d’un album photos, lesquelles sont choisies avec soin. Elles couvrent surtout les chaînes d’assemblage ou le vol, mais pratiquement jamais la mise en œuvre au sol. De quoi satisfaire les lecteurs plus sensibles au côté visuel de ces avions peu ordinaires, mais aussi de décevoir ceux qui voudraient vraiment y apprendre quelque chose.
François Ribailly
80 pages, 20 x 25 cm, broché