Ciel en feu de Patrick-Charles Renaud décrit l’engagement courageux et admirable des aviateurs français pendant la Seconde Guerre Mondiale. Ils furent présents sous tous les cieux et tous les théâtres, attaquant sans merci et au prix de lourdes pertes l’ennemi des forces de l’Axe.
De la Drôle de guerre et de la Campagne de France (sept 39 à juin 40) l’auteur se souvient des engagements de l’aviation de chasse. Les Curtiss H-75 hawk et les Morane 406 surclassés combattent les Messerschmitt 109, entraînant ceux des escadrilles Lafayette et Cigognes dans des mêlées victorieuses. Il salue aussi les missions insensées et le sacrifice inutile des groupes de bombardement aux appareils dépassés comme le Léo 45 ou l’Amiot 143, lancés en mai 1940, par les cafouillages du haut commandement, à l’assaut des murs de fer de la Flak et des tirs ajustés et mortels de la chasse adverse.
Puis du Nord à l’Est, d’Europe en Afrique, du Nil à la forêt équatoriale, en passant par la froidure des plaines russes, l’auteur retrace les combats héroïques des groupes de chasse, comme le célèbre Normandie ou le Champagne, volant sur Yak ou P-47 des Forces Aériennes Françaises Libres. Il relate aussi les missions de bombardement comme celles sur Mannheim ou Koufra, et celles des chasseurs bombardiers harcelant les Panzers de Rommel et de Guderian.
Ces histoires vraies sont très bien écrites; elles couvrent toute la guerre jusqu’à la Libération. Elles embarquent le lecteur, tour à tour, dans un Blenheim se crashant dans le désert libyen ou mitraillant depuis sa tourelle de queue un chasseur Falco italien, dans un Yak engageant un Focke-Wulf près de Smolensk, et dans mille autres péripéties. Elles rapportent aussi avec justesse et émotion les derniers combats de figures emblématiques comme le commandant Edmond Marin la Meslée, abattu par la Flak, en Alsace, aux commandes de son P-47
Les ratés de la guerre, comme le terrible 3 Juillet 1940 à Mers El-Kébir (1300 morts lors du massacre de la flotte française par la Royal Navy) où un bref engagement aérien franco-britannique vengea notre Marine, et les tirs fratricides des artilleurs anglais sur les bombardiers français Glenn-Martin arrivés en renfort d’Afrique du Nord ne sont pas passés sous silence.
La véritable saga des groupes lourds sur Halifax de la RAF qui perdirent un équipage sur deux, fait aussi partie des récits de cet ouvrage passionnant.
Si la guerre banalise la mort et la souffrance, comme le regrette l’auteur, car les disparus remplissent de simples listes sur les journaux de marche des unités, il a à cœur de les faire revivre en pleine action. Il nous les montre sous leur vrai visage de guerrier déterminé, pleins de courage et d’abnégation, la peur vissée au ventre, une jeunesse généreuse souvent fauchée trop tôt. S’il porte le deuil de François Dietrich, pilote du Groupe de chasse II/4 abattu dès mai 1940, et de nombreux autres avec lui, il salue aussi de façon éclatante les exploits de nos aviateurs sur tous les types d’appareils utilisés, Léo 45, Farman 222, Dewoitine 520, B26 Marauder, Boston, Spitfire…
Ils étaient là, lumineux, vaillants et fiers, nos grands soldats de l’air, de 1939 à 1945, souvent méconnus et injustement oubliés, et nous sommes heureux que ce beau livre puisse leur rendre un si bel hommage.
Richard Feeser
360 pages, 142 x 215 mm, couverture souple
100 photos noir et blanc