Hiver 1944. Nikolaus vient d’intégrer la JG7 et à bord de son Messerschmitt Me262, les missions s’enchaînent. Le flot des bombardiers américains semble ne pas pouvoir être jugulé et l’espoir de gagner la guerre, petit à petit, s’est évanoui. Bien sûr, le Me262 tient son rang, surtout qu’on le dote de nouvelles armes comme cette fusée X4 filoguidée, mais l’ennemi est toujours plus nombreux, son escorte plus incisive et les amis tombent les uns après les autres.
Au sol, entre deux missions, il ne faut pas perdre pied et résister à la terrible pression de la guerre. Surtout que traîne toujours le chien Fisto, incarnation maléfique qui semble vouloir jouer avec le jeune Nikolaus, jouant de sa puissance pour lui éviter un sort fatal dans le but de s’accaparer son âme. Le pilote de la Luftwaffe résiste, mais jusqu’à quand ?
Ambiance apocalyptique, sans les effets à bon marché qui peuplent coutumièrement les bandes dessinées dites « de guerre » : l’apocalypse est bien davantage perceptible dans l’ambiance qui règne dans cet album que dans les effets visuels. Avec les expériences médicales pratiquées sur des cobayes humains extraits de camps de concentration nazis, le décor est planté dès la première planche : le Reich est aux abois, et il est prêt à tout pour tenter de reconquérir une supériorité aérienne perdue.
Rappelons que Nikolaus, sorte de Faust des temps modernes, a conclu un marché avec le chien « Fisto » dont l’identité diabolique n’échappe pas au lecteur. L’aspect historique prend néanmoins le pas sur le côté fantastique : à bord de ses Me 262, la JG7 va essayer la fusée Ruhrstahl X4 contre des B-17, de même que l’on voit apparaître des roquettes R4M Orkan.
Après un Ciel en ruine – Tome 1 que nous avions trouvé particulièrement réussi, parvenant à mélanger le réalisme historique, qui se retrouve dans une approche de l’aéronautique très pointue, une analyse fine de la psychologie des personnages plongés dans une tourmente qu’ils ne maîtrisent plus et un parfum de récit fantastique, troublant au premier abord mais qui s’avère être un élément diaboliquement efficace, ce deuxième volume confirme l’impression initiale.
Nous sommes sans doute en présence d’une série de bande dessinée aéronautique des plus intéressantes et novatrice, faisant appel à des ressorts narratifs assez originaux conjugués à un dessin « ligne claire » splendide.
Involontairement ou non, Pinard et Dauger marchent dignement sur les pas d’un Edgar P. Jacobs.
Frédéric Marsaly et Philippe Ballarini
48 pages, 23 x 31,5 cm, relié couverture cartonnée
Les albums de la série Ciel en ruine
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