1940. En plein Blitz, Doug Hunter chasse les Bf 109 sans égard pour les tactiques de son leader. Il nourrit la fierté de sa famille et l’admiration de son frère cadet, Dale.
1941. Louise Simon, ingénieuse nucléaire lyonnaise, en froid avec le directeur de son laboratoire, claque la porte et se fait recruter par Jacques Bergier, du réseau de résistance Marco Polo.
1944. Après bien des péripéties, les deux se croisent dans un bar londonien. Leur obsession commune : les V1, que l’un chasse et que l’autre veut étudier.
Sur le papier, pourquoi pas ? La RAF a eu son lot de pilotes cabochards, et les cerveaux français masculins et féminins ont afflué en Grande-Bretagne. Mais une bonne idée ne suffit pas à faire un bon scénario, et celui-ci manque de subtilité. Les Hunter sont un vrai problème : toute la famille est pétrie de clichés — l’impétueux, l’autoritaire, l’effacée, le gamin rêveur qui devient un homme en se dressant contre père et frère, la petite amie rousse voluptueuse programmée dès sa première apparition pour être la femme fatale de service… Les autres personnages s’en sortent un peu mieux, mais la relation entre Louise et Alfred arrive comme un cheveu sur la soupe, juste pour que le scénariste puisse cocher la case « drame personnel de l’héroïne ».
Sévère, direz-vous ? Sans doute. Après tout, le scénario navigue de rebondissement en évolutions, entre drames personnels et contexte historique, et s’avère plutôt entraînant malgré quelques coupures un peu maladroites qui nuisent à la fluidité de la narration. Mais nous ne pouvons pas passer sous silence des personnages dignes de l’album Les Japs attaquent (Buck Danny 1948) et des comics des années 1960.
Les codes des grands comics classiques sont bien présents,
mais la mise en page dynamique est très moderne : un mélange maîtrisé très réussi. ©Éditions Zéphyr
Sur le plan graphique, nous retrouvons Stephan Agosto, qui avait notamment dessiné la série F.A.F.L., avec des couleurs de Ketty Formaggio, déjà vue sur les Buck Danny Classic. Tous deux sortent de leurs styles précédents : l’ambiance de Ciel sans pilote est sombre et tragique, et l’esthétique s’y est superbement adaptée. Le dessin réaliste, riche en aplats et soutenu de hachures dynamiques, est dans l’ensemble très réussi, vif et dur comme le récit. La palette souvent crépusculaire renforce efficacement l’ambiance. Nous regretterons tout de même deux choses : d’une part, certains personnages se ressemblent trop ou pas assez (Churchill notamment change de tête d’une case à l’autre) ; d’autre part, tout dessinateur aéronautique est censé savoir que les roues d’un Spitfire se replient vers l’extérieur !
Dans l’ensemble, ce premier volume de Ciel sans pilote profite donc d’un scénario haletant et de graphismes de haute volée pour installer une ambiance lourde plutôt réussie. Il est d’autant plus dommage que les personnages reposent autant sur des clichés éculés qui nuisent réellement à l’histoire.
Franck Mée
48 pages, 24,1 x 32 cm, couverture cartonnée
0,600 kg
La collection « Ciel sans pilote »
Avec l’aimable autorisation des
© Éditions Zéphyr
Avec l’aimable autorisation des
© Éditions Zéphyr
Avec l’aimable autorisation des
© Éditions Zéphyr