Burgard est vendeur d’avions d’affaires. Il effectue un vol vers la Roumanie à bord d’un Beechjet en tant que copilote, avec à bord l’éventuel futur acquéreur qui souhaite vérifier concrètement que cet avion conviendra parfaitement à ses besoins de transports professionnels. La météo en Roumanie n’est pas formidable mais les paramètres étant quand même au vert, le décollage est décidé.
Au cours de ce vol, Burgard se remémore sa carrière de pilote, commencée au sein de l’armée de l’Air dans les années soixante. Son premier avion d’arme fut le fantastique P-47 Thunderbolt hérité des groupes de chasse de la seconde guerre mondiale avec lequel il fait ses premières missions d’appui feu en Algérie. Ensuite ce sera le Skyraider, autre formidable machine, parfaitement adaptée aux missions anti-guérilla et qu’il ramènera un jour décoré de 37 impacts de projectiles divers et variés que n’ont pas manqué de lui adresser quelques rebelles pris à partie.
Ensuite, ce seront les jets et le Mystère IVA de la 8e Escadre de chasse de Cazaux.
À bord du Beech, Burgard voit sa rêverie interrompue par l’approche finale qui s’annonce beaucoup plus délicate, voire dangereuse, que prévue, ce qui lui rappelle la partie la plus douloureuse de son existence.
En mai 1966, il était le leader d’une patrouille de six Mystère IVA en vol vers Séville. Une accumulation de facteurs techniques et humains a provoqué l’égarement des six avions ; à l’épuisement du carburant, ce sont six pilotes qui se sont éjectés. Cette douloureuse affaire, se déroulant à une période tendue politiquement, avait fait grand bruit à l’époque et elle aura finalement fait au moins une victime : la carrière du chef de la patrouille, Burgard.
“Burgard” est évidement un nom d’emprunt. Ce jour là, le leader des six Mystère condamnés était Paul Guers-Neyraud, l’auteur de ce livre, qui parvient enfin à livrer cette histoire, entrée dans la légende des histoires extraordinaires de l’aviation française, en s’en détachant le plus possible.
Il ne s’agit pas, pour lui, de chercher à se dédouaner ; à aucun moment du récit il ne nie ses responsabilités et ses erreurs. Il se contente de raconter comment Burgard, son « double littéraire », est arrivé, en toute confiance, à une inextricable situation. Et à bord du Beech, les circonstances commencent à ressembler à un mauvais remake de l’affaire espagnole…
Autobiographie à la troisième personne, ce livre est autant un récit des aventures exceptionnelles ou banales d’un pilote de chasse français dans les années soixante, et l’histoire d’une reconversion, mais c’est presque l’exorcisme d’une terrible blessure, une histoire authentique qui devrait inciter chaque aviateur à la modestie.
Frédéric Marsaly
252 pages, format 15,5 x 24 cm, broché
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