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Combats aériens sur le Cotentin

Missions sans retour et évasions d’aviateurs de la Royal Air Force sur la presqu’île
1941-1943
Mickaël Simon

 Coup de cœur 2010 

Regards croisés : deux regards différents pour un même ouvrage.

Le commentaire de Philippe Bauduin
Le commentaire de Jocelyn Leclercq

L’auteur, Mickaël Simon, fut l’un des membres de l’association aujourd’hui disparue : « Recherche et Histoire Aérienne en Cotentin ». Il a acquis dans cette structure une connaissance hors du commun sur les batailles aériennes de la presqu’île. Il nous livre dans cet ouvrage quelques-uns des événements qu’il a été appelé à connaître et qu’il a développés avec une grande précision. On rappellera juste la position stratégique des environs de Cherbourg, ports, aérodromes, sites V1 V2 ,véritable forteresse soumise en permanence aux attaques aériennes des Alliés.

Avec un luxe de détails, Mickaël Simon rapporte quelques missions « Rhubarb » et « Ramrod » qui verront des pilotes britanniques se poser en catastrophe et échapper à la vigilance des occupants grâce à la complicité des habitants. L’auteur approfondit aussi bien, avec la même précision, les protagonistes qu’ils soient Alliés ou Allemands. Sa parfaite introduction dans l’environnement local lui permet de révéler en détails tous les aspects des missions entreprises ainsi que les intervenants des filières spontanées d’évasion. On retrouve au hasard des récits trois pilotes français : Bernard Scheidhauer, l’un de 50 de la Grande Évasion, Robert Gouby et Marcel Lorand, tous les trois FAFL.

Mickaël Simon s’implique dans la description des unités de la RAF opposées ici à celles de la Luftwaffe, sans faire l’économie de l’impact sur les événements locaux. Les pilotes, les équipages et les appareils font l’objet de développements d’une grande richesse. Si l’on ajoute à cette immense documentation la remarquable iconographie, les photos et les profils couleur qui s’avèrent d’une qualité irréprochable, cet ouvrage de référence a incontestablement sa place dans les bibliothèques dédiées à l’histoire de l’aviation durant la Seconde Guerre Mondiale.

Philippe Bauduin


Je me montre un lecteur exigeant, davantage encore sur un sujet qui me tient à cœur, comme la Royal Air Force pendant la Seconde Guerre mondiale. Et je dois dire que je viens de lire ce que je considère comme un des meilleurs livres en la matière, depuis la réédition des carnets de René Mouchotte ou Bonsoir Nadette.
Le préambule est important : l’auteur écrit qu’il a choisi de raconter quatre histoires ou batailles aériennes distinctes. Son livre n’est pas donc pas une étude exhaustive, comme d’autres auteurs régionaux en ont produites, de tous les combats, bombardement et chutes d’avions, en l’occurrence pour lui dans le département de la Manche, mais plutôt une suite de plusieurs destinées d’aviateurs ayant le Cotentin comme point commun.

Pour un coup d’essai, c’est un coup de maître. Il y aurait même de quoi être envieux. Mickaël Simon, grâce à sa sélection, a ainsi pu aller très loin dans le détail des reconstitutions, sans appesantir son récit. S’il conserve l’utilisation des termes anglais et la syntaxe correspondante (style avec lequel je suis en parfait accord), son écriture est claire, nette, fluide. On trouve bien sûr quelques coquilles et fautes de conjugaison (il faudra réviser le participe passé…) mais c’est finalement rare sur l’ensemble des 250 pages du livre. L’auteur sait expliquer aux béotiens les notions que les connaisseurs maîtrisent depuis longtemps, sans que cela ne nuise à son récit. Il a évité l’écueil de considérer son secteur comme le point central de la guerre en Europe ; bien au contraire, il s’applique à situer Cherbourg et la péninsule dans la globalité du conflit.
Le jeune auteur a su utiliser tout l’éventail des archives, documents et contacts possibles pour étayer son ouvrage : archives départementales, de la Gendarmerie Nationale (y compris pour d’autres départements comme les Alpes Maritimes ou les Pyrénées Orientales, et là je tire mon chapeau !), les services d’archives de France (SHD), du Royaume-Uni, d’Australie, du Canada, d’Allemagne, les collections photographiques de l’Imperial War Museum ou de l’ECPA-D entres autres, les témoins de l’époque, les anciens combattants, les familles des aviateurs, le petit monde des amateurs de l’histoire de l’aviation. Et il a réussi à brasser tout cela pour en produire un livre qui se lit très facilement. La quantité d’informations qu’il renferme est pourtant phénoménale, mais tous ces détails ne donnent pas l’impression d’être entassés. L’écriture est simple et sobre, aérée, agréable en un mot. L’utilisation d’encarts pour les anecdotes connexes méritant d’être racontées, mais qui auraient nui à la continuité du récit, permet au lecteur de ne pas perdre une miette de tout ce qui est à savoir sur la période.

L’iconographie est d’une grande richesse : elle fait la part belle aux hommes, ceux qui ont les rôles principaux bien sûr, mais également les autres… les seconds rôles en quelque sorte. Fort bien mise en valeur par une impression sur papier de qualité, elle « colle » parfaitement au sujet et accompagne la chronologie des faits. Détail qui mérite d’être souligné : elle est toujours soigneusement créditée.

L’histoire ne s’achève pas à la fin de la Seconde Guerre mondiale : des ponts sont établis avec le présent, en montrant par exemple les monuments commémoratifs qui ont été érigés il y a quelques années, en présence de quelques survivants ou de familles d’aviateurs.
Les investigations (parfois sous forme d’allers- retours) et pistes de réflexion de l’auteur et de ses amis pour se rapprocher de la vérité historique (particulièrement en ce qui concerne les sépultures présumées de certains aviateurs) sont d’autres éléments du livre particulièrement intéressants à mes yeux. Le début de l’annexe 1 me paraît être source de confusion, car il poursuit en quelque sorte le chapitre 3 « Innocent’s Day ». Il aurait été plus judicieux de l’y intégrer, et de consacrer le contenu de l’annexe à la pure argumentation sur les identifications des tombes d’aviateurs. Ce n’est que pure forme, car le fond est bon. La relation de ces recherches mettent en évidence le fait que la reconstitution (la reconstruction même) de ces missions, de ces batailles aériennes, de ces carrières d’aviateurs, est un lent processus, un amalgame ordonné de données brutes issues de nombreuses sources distinctes et variées.
Il y a forcément matière, dans le Cotentin, pour d’autres ouvrages de la même qualité. Il est souhaitable d’encourager vivement Mickaël Simon à poursuivre sa quête, charge aux amateurs d’Histoire d’apprendre la patience. Pour un meilleur confort de lecture, nous nous permettrons de suggérer à l’éditeur d’éviter de réunir les notes de référence en fin de livre et privilégier plutôt les notes de bas de page, mise en page bien plus pratique pour le lecteur.

Pour toutes les qualités énumérées ci-dessus, Combats Aériens sur le Cotentin mérite sans conteste un coup de cœur de l’Aérobibliothèque

Jocelyn Leclercq


252 pages, 20 x 27 cm, broché


Coup de cœur 2010 des aérobibliothécaires

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Isoète

ISBN 978-2-357-76004-2

Coup de cœur 2010
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