La venue de Wilbur Wright en France en 1908, a été l’occasion de prouver définitivement ses dires et celles de son frère : l’aéroplane motorisé avait bel et bien été inventé aux États-unis dès 1903. Certes, plusieurs pionniers étaient déjà parvenus à décoller, par différents moyens, depuis plusieurs années, mais le 17 décembre 1903, Orville et Wilbur Wright en faisant voler leur Flyer, avaient bien été les premiers a franchir l’étape décisive : réaliser un vol motorisé contrôlé, rééditable à volonté. Mais lorsqu’il débarqua en France à l’été 1908, Wilbur Wright chercha un terrain à l’écart des autres pionniers, et après quelque hésitations se décida en faveur du Mans, où Léon Bollée lui avait promis des moyens techniques. C’est ainsi que la ville de l’automobile est entrée dans l’histoire de l’aviation pour avoir vu le premier vol de l’Américain en Europe, le 8 août 1908.
Après un rappel rapide des travaux des Wright, le livre fait le récit détaillé des journées du Mans, telles qu’elles ont été relatées dans la presse locale et nationale ; des citations parfois in extenso, sans plus d’analyse. Puis suit un album de photographies (pages 46 à 79), toutes de très bonne qualité et la plupart inédites, issues des collections des Musées du Mans et de l’Association du festival de l’image du Mans. Un chapitre s’attarde ensuite sur la Coupe Michelin, abondamment illustré des différents projets de coupes ayant pris part au concours organisé par les frères Michelin en 1908. La fin du livre rapporte encore les hommages successifs rendus aux Wright par la ville du Mans au travers du temps, puis quelques pages suivent sur la réplique du Flyer II construite par une association locale en 2005. Finalement, le chapitre le plus intéressant est probablement celui consacré au moteur Wright conservé aux Musées du Mans depuis 1927, offert par Mme Bollée. Après étude approfondie, il a été démontré que ce moteur, qui avait servi aux essais de 1908, était un assemblage de deux moteurs originaux venus des États-unis.
L’ouvrage, qu’on classera dans la catégorie « beaux livres » en raison de la qualité de son illustration, n’apprendra sans doute pas grand chose au spécialiste de l’histoire de l’aviation, ni même à l’amateur éclairé. En effet, ceux-là resteront sur leur faim. Le titre est pourtant bien alléchant, mais l’ouvrage ne répond pas entièrement aux attentes. Le contexte de la venue des Wright en France est passé sous silence. Rien (ou presque) sur les raisons de leur installation au Mans. Rien non plus sur les procès qu’ils ont intenté à cette époque aux pionniers français et allemands. Car leur venue en France à la demande de Lazare Weiller, qui détenait la licence d’exploitation de leurs brevets en Europe, était avant tout une affaire d’argent et de droits d’invention. Il aurait été sans doute intéressant de s’y attarder un peu, pour ne pas se contenter d’un simple récit événementiel et évidemment consensuel. L’ouvrage demeure donc d’histoire locale (ce qui plaira certainement aux lecteurs sarthois), alors que le sujet pouvait intéresser l’histoire nationale, voire internationale. C’est un peu dommage.
Thierry Le Roy
144 pages, 21 x 23 cm, couverture souple