La littérature sur le Concorde est très abondante, mais si vous êtes passionnés par le supersonique franco-britannique, ne ratez pas ce témoignage de Pierre Dudal, écrit en collaboration avec André Rouayroux. L’auteur présente en effet une particularité très intéressante : il a été à la fois pilote d’essais de la machine, et pilote de ligne à Air France pour sa mise en service. Il peut donc nous proposer une double façon de voir l’appareil : en tant qu’expérimentateur et certificateur d’une part, capable de nous raconter les coulisses des essais en vol, et d’autre part comme responsable de cette utilisation novatrice au sein de notre compagnie nationale.
Le tout est présenté sous la forme de courts récits. Cela commence généralement par une introduction d’André Rouayoux sous forme de questionnement, puis un développement à partir des souvenirs et des notes de Pierre Dudal. Le premier chapitre nous raconte tout d’abord la carrière antérieure de notre pilote, de son engagement militaire pendant la Seconde Guerre mondiale à sa double formation de pilote d’essais et de pilote de ligne. Mais cela est très condensé, en à peine plus de trois pages, et pourrait nous laisser sur notre faim si ce n’était qu’une annexe au sujet principal du livre. Puis nous passons à la réception en vol d’une Caravelle qui laisse le lecteur le souffle coupé, à un lâcher préparatoire sur Mirage IV, puis à la simulation des vols du Concorde sur cette machine, à une éjection en vol aux lointaines conséquences que nous retrouverons dans la conclusion finale de l’ouvrage. Après nous avoir emmenés avec lui pour un vol d’essai particulier, Pierre Dudal nous explique le pilotage du Concorde, puis nous raconte une mission présidentielle en Iran, une panne de moteur en Alaska, l’accident du Tupolev 144 au Bourget, les premiers vols commerciaux supersoniques sous pavillons français et britannique, une émulation interne à Air France pour la réalisation du trajet Caracas-Paris sans escale, les lobbies syndicaux s’opposant à l’arrivée du supersonique aux États-Unis et enfin, malgré tout, le succès des premiers vols sur New-York. Les derniers chapitres sont consacrés à une anecdotique liaison Le Bourget-Roissy qui aurait pu être lourde de conséquences, à un vol symbolique sur l’Atlantique Sud pour commémorer le cinquantenaire d’une première portugaise, et surtout à un approfondissement des interactions entre Concorde et l’environnement.
En annexe est présentée une explication du mur du son par Pierre Grange. Parmi ces récits d’intérêt majeur, le point particulier que l’on découvre est la petite marge de survitesse dont était capable le Concorde, et l’utilisation qu’a faite l’auteur de cette possibilité à au moins deux reprises. Ou quand le pilote de ligne se rappelle qu’il a aussi été pilote d’essais.
Jean-Noël Violette
144 pages, 15,4 x 24 cm, broché
0,247 kg