S’il est un appareil qui a profondément marqué de son empreinte l’histoire de l’aviation, c’est bien Concorde. L’accident du 25 juillet 2000 survenu au F-BTSC (« Sierra Charlie ») sonna le glas de l’exploitation commerciale de l’avion de tous les superlatifs et retentit comme un terrible drame dont tout le monde fut abasourdi.
L’auteur, mécanicien aéro visiblement amoureux de la machine, s’est livré à un exercice original et non dénué d’intérêt. Au lieu d’une rébarbative étude technique, il nous propose une version dont la forme emprunte au roman… tout en se maintenant au plus près de la réalité. Cela donne une sensation (plutôt agréable) de proximité avec le bel oiseau, mais aussi avec tous les acteurs du drame qui sont évoqués dans l’ouvrage. Cette forme littéraire, la « non-fiction romancée », présentée comme étant le pendant du « docufiction » à la télévision, permet de faire « revivre » Concorde F-BTSC… ainsi que les protagonistes de cette tragédie aux diverses facettes. Le résultat est plutôt convaincant, l’aspect « tonique » du texte permettant d’éviter le caractère rébarbatif et lassant qu’aurait eu un document technique. Par ailleurs, cela donne de l’humanité à un événement qui ne se résume pas à un morceau de métal tombé sur une piste d’envol. Notons que pour faciliter la compréhension, deux polices de caractères différentes sont utilisées, dont une est réservée à « Sierra Charlie » lorsqu’il s’exprime.
Jean-Pierre Beaufey, mécanicien navigant, ne se limite pas à un récit mis en forme d’une façon attrayante. Il fait preuve d’une réserve certaine et il ne faudra pas chercher ici matière à polémique ; pas d’accusations claquantes ni de récriminations, mais pas non plus de complaisance excessive en ce qui concerne certains points discutables de l’enquête et du procès. Conformément à l’esprit « docufiction », le texte dispose de points communs avec un scénario et la lecture de l’ouvrage est aussi aisée que celle d’un roman. Une manière originale et sensible d’aborder un événement dramatique qui fut généralement abordé avec bien plus de sécheresse.
Philippe Ballarini
210 pages, 15,5 x 23 cm, couverture semi-rigide
0,342 kg