En avril 2022, nous vous présentions un petit livre inhabituel, avec comme mission de rester indulgents, puisque devant le faire à la place de Philippe Ballarini qui venait de prendre son dernier envol. L’auteur de cet ouvrage, Roland Baladi, nous en propose en ce printemps 2023 une édition revue et corrigée tenant compte, en particulier, de certaines de nos remarques.
C’est effectivement le cas pour une certaine confusion qui existait quant aux planeurs anglais qu’il avait utilisés en Égypte dans son jeune âge. Désormais, le propos est clair et une réelle distinction est faite entre ces biplaces et ces monoplaces de chez Slingsby. On trouve aussi, de ci, de là, d’autres modifications. Dans l’ensemble, cela reste principalement un assemblage de commentaires d’un carnet de vol, présenté comme un patchwork de micro événements. Ce sont toutes ces erreurs, tous ces oublis qui font généralement redouter l’arrivée d’un pilote inconnu dans un aéro-club : vol aux limites basses d’un réservoir ou par conditions météo largement dégradées, panne de batterie en ayant oublié de la couper après le dernier vol, posé par erreur sur un taxiway, navigation aléatoire, atterrissage train rentré sur un Fournier, oubli de passer à la douane, pénétration involontaire de zones réglementées, vol avec le cache-pitot en place, etc.
Paradoxalement, le leitmotiv de ce recueil de souvenirs, à la seule lecture d’un carnet de vol, est « Je ne me souviens plus…»
Des lieux, des circonstances, des personnes impliquées, etc. Mais il est vrai que la mémoire s’imprègne plus facilement des quelques vols à problèmes d’une vie de pilote, que des centaines d’autres qui se sont déroulés sans faute.
Une amélioration considérable se situe au niveau de la grammaire et de l’orthographe, même si l’on retrouve le style familier et « parlé » du vocabulaire. Un point toujours regrettable, c’est l’apparence si austère d’un ouvrage écrit par un ancien des Beaux-Arts. Il y a cependant quelques illustrations en noir & blanc à l’intérieur. Des QR-Codes sont également disponibles pour accéder à des vidéos. L’ouvrage, déjà pas très épais, a un peu plus maigri, passant de 73 à 58 pages, et la 4e de couverture, qui nous parlait du plaisir de l’auteur à s’être plongé dans cette rédaction, est devenu une petite revue de presse.
Un petit regret quand au contenu lui-même, quand l’auteur n’essaie pas d’assouvir sa curiosité, n’osant pas par exemple déranger les membres de l’Amicale J.B.Salis pour savoir sur quel appareil ils ont en train de travailler (en conséquence, nous ne le sauront pas non plus), se demandant pourquoi le Fournier RF4, français était fabriqué en Allemagne (*), ou intrigué à plusieurs reprise par le fait que l’addition des deux chiffres d’un QFU est toujours égale à celle des deux chiffres du QFU inverse.
Il est dommage également que rien ne mentionne qu’il s’agit d’une seconde édition, modifiée et corrigée, qu’on ne peut distinguer que par la date de copyright. Est-ce d’ailleurs la deuxième, ou y en a-t-il eu d’autres dans l’intervalle ? Y en aura-t-il d’autres ? C’est toute la souplesse des éditions à compte d’auteur.
Jean-Noël Violette
Note : (*) Il suffit d’aller sur Internet, et on a tout de suite l’information, voir Sportavia RF4.
14,8x21cm, 58 pages, broché, couverture souple.
L’ouvrage, en auto-édition, n’est disponible qu’à la FNAC, sur Amazon ou auprès de La Maison du Livre-Aviation