Quand un jeune officier de Marine, croisement de branches bretonnes et provençales et héritier des valeurs familiales de la Royale (1), déjà enclin, de par l’environnement dans lequel il a grandi, à être séduit par tout ce qui est d’origine russe, s’éprend d’une jeune femme de cette diaspora dont la famille est venue s’établir en France avec l’émigration des Russes blancs, cela ne peut qu’annoncer une belle histoire romantique.
Si le cadre de ce roman se situe entre la France et l’Afrique du Nord, à la charnière des années 1958 à 1962, avec en toile de fond le retour du Général de Gaulle en 1959, une grande confusion des promesses politiques d’alors, les Accords d’Évian, et la forte tentation de certains militaires pour des combats d’arrière-garde au sein de l’OAS (2), la belle histoire a toutes les chances de devenir petit à petit très explosive.
Mais quand ce jeune officier de marine est en fait pilote dans l’Aéronautique navale, sur chasseur embarqué Corsair, et que cette histoire est un excellent argument pour nous raconter l’utilisation de ces appareils depuis un porte-avion ou une base terrestre, les vols d’entraînement ou les « opérations de maintien de l’ordre », cela justifie la présentation de ce roman dans l’Aérobibliothèque. Surtout que ces séances aériennes sont dépeintes avec un fort réalisme, et grâce à un vocabulaire d’une grande justesse (3).
On peut très bien rester insensible aux notions de valeur militaire, de pureté des sentiments et de beauté de l’âme slave. On n’est pas obligé de se laisser appâter par les sirènes de l’Algérie Française et de ses nostalgiques. Mais on appréciera de lire cet ouvrage, ne serait-ce que pour les récits aériens.
Jean-Noël Violette
322 pages 15 x 21 cm, couverture souple, broché
0,420 kg
Notes :
1) La Marine nationale
2) OAS : Organisation de l’armée secrète
3) On note juste une erreur, page 109 : la variation que subit régulièrement un gyroscope est la précession, pas la procession.