Dans le cadre du Centenaire de la Grande Guerre, le musée Nissim de Camondo, situé dans le 8ᵉ arrondissement de Paris, a consacré une exposition à celui qui lui a donné son nom, disparu en combat aérien le 5 septembre 1917. Le catalogue qui en est issu reprend les courriers échangés par Nissim avec son père, ses amis, sa sœur Béatrice ou bien encore son amante Renée Dorville, ainsi que de brèves notes de son carnet de campagne. En introduction de ce très bel ouvrage, le lecteur est invité à découvrir l’histoire de la grande famille de banquiers de Camando dont le père Moïse, grand collectionneur d’art, a fait construire l’hôtel particulier inspiré du Petit Trianon édifié en 1912 et qui abrite aujourd’hui le musée. Dans son testament, Moïse a en effet décidé de léguer à sa mort – survenue en 1935 – l’édifice et ses collections à l’Etat à la condition que tout reste en place à l’identique. Le 21 décembre 1936 est ainsi inauguré le musée que nous connaissons aujourd’hui.
Lorsque la guerre éclate en 1914, le jeune Nissim sert dans les hussards avant d’être affecté dans un régiment de dragons à pied en 1915. Toutefois, il rêve d’intégrer l’aéronautique et c’est grâce à l’intervention du capitaine Bordage, commandant de la MF 33, qu’il parvient à ses fins en début janvier 1916, après en avoir demandé l’autorisation à son père. Observateur dans un premier temps, puis photographe, Nissim se trouve ainsi engagé dans les terribles combats de Verdun, de la Somme puis, au printemps 1917, dans la désastreuse offensive du Chemin des Dames. Il s’illustre très rapidement par son talent de photographe, tandis que Bordage le forme comme pilote au sein de l’escadrille. Il obtient son brevet au printemps 1917 et demeure au sein de l’escadrille 33.
Représentant la moitié du volume, ses lettres d’aviateurs sont d’un style simple, clair, rapide, et restitue le quotidien de la vie en escadrille avec les moindres détails, qu’il s’agisse de ses missions mais aussi des soucis alimentaires, du froid, de l’ennui, des accidents, des pannes de matériel… Une dizaine de pages sont consacrées à sa disparition, au cours d’une mission photographique dans la zone de Nancy, ainsi qu’aux courriers adressés à Moïse après la disparition de son fils dont une lettre de Marcel Proust…
Au total, un ouvrage solide, de très belle facture, le texte étant agrémenté de photos de la famille et de reproductions originales de courriers. A noter : un index ainsi qu’une bibliographie viennent compléter des notes de bas de page parfois un tantinet approximatives dans le domaine de l’aéronautique (un « ballon » n’est pas un « dirigeable », le commandant Barès aurait mérité une vraie biographie, etc.). Rien de rédhibitoire cependant.
Paul Villatoux
272 pages, 19 x 27 cm, broché
80 illustrations
0,640 kg