Dans Courchevel Airport, Michel Kossa nous propose un long survol des Alpes.
Rasant l’imposante Mer de glace, tutoyant d’une aile les parois verticales du massif des Drus, toisant les glaciers de la Vanoise, ou franchissant les cols des Trois Vallées, aux limites de puissance de son petit Piper Cub équipé de skis, il nous fait partager sa passion pour cette montagne imposante et superbe aux multiples pièges.
Donnant le meilleur de lui-même, son petit avion rustique et silencieux fait vibrer les cœurs des passionnés de vol en montagne qui se pressent à son école de pilotage de Courchevel. Il les forme aux difficiles techniques d’atterrissage sur les altiports et les glaciers. Dominant leur stress sur des plans de descente inhabituels, donnant l’impression d’être trop long et trop haut, ils finissent dans un tourbillon de neige poudreuse au pied des grands sommets. Il leur apprend à maîtriser les conséquences de l’altitude mangeuse de chevaux, à se garder des givrages du carburateur et des problèmes de mélange, et à apprécier correctement l’état de la surface neigeuse convoitée pour un atterrissage sûr.
Il n’est pas toujours facile de défier les arrêtes enneigées avec un petit avion aux performances aérodynamiques amoindries, surtout lorsque le mauvais temps s’en mêle et empêche tout retour vers l’altiport. Sous les flocons de neige, et zigzaguant au milieu des stratus, il faut parfois trouver sa voie vers une piste de ski providentielle, heureusement déserte. Même les pilotes les plus qualifiés peuvent rester plantés toute une nuit au mont Jovet, les skis collés dans la glace, ou vivre d’angoissants moments lorsque le petit avion déserté de son pilote, et livré à lui-même, s’offre une longue glissade sur le glacier de Bellecôte, évitant miraculeusement de dangereux rochers.
Michel Kossa nous dit tout de ses premières heures de vol en famille, de ses débuts sur Piper dans l’aviation légère de l’armée de terre à Grenoble, et de sa rencontre avec les grands précurseurs du vol en montagne comme Henri Giraud. Comme eux, il aime instruire par vocation et inculquer aux plus jeunes une technique de pilotage rigoureuse, affinée par des milliers d’heures de vol et où l’improvisation n’est pas de mise.
Enfin, il décrit l’ambiance chaleureuse et fraternelle de ces fous de montagne et d’aviation, dont on suit les exploits dans les turbulences et effets de foehn, au ras des cimes. Contre courants rabattants et rotors, ils veulent se faire une première trace sur une neige immaculée, tout là-haut sur le glacier magnifique.
Richard Feeser
272 pages, 14,5 x 20,5 cm, couverture souple