C’est vrai, quoi ! Il y a parfois des accidents d’avion. C’est (heureusement) rare, mais (hélas) cela arrive. Mais qu’est-ce qui peut faire que des aéronefs tombent ?
Derrière un titre « fracassant » se cache un ouvrage au bout du compte plutôt rassurant. Michel Polacco ne donne pas dans le registre « catastrophisme », mais pas non plus dans le lénifiant. Son introduction « Prix de la vie et sens de l’info » vaut que l’on s’y arrête. Professionnel, Polacco a vu les choses « de l’intérieur » et, en ce qui concerne l’information, évoque les profondes disparités qui existent dans le traitement des sujets, rappelant à titre d’exemple qu’un accident de train faisant 150 morts à Douala ne fera l’objet que d’une brève, alors qu’en France, pour dix fois moins de victimes, cela constituera un événement majeur avec des implications jusqu’au sommet de l’État. Mais surtout, il rappelle que les accidents d’avion ne tuent chaque année dans le monde qu’environ 500 personnes, à mettre en regard avec le million de morts de la route. En clair, vous prenez 2500 fois plus de risques en vous rendant à votre travail à vélo ou en voiture qu’en prenant l’avion dans une petite compagnie africaine.
Mais Michel Polacco ne cherche pas à rassurer à tout prix. Ce livre est « un essai documenté sur la sécurité telle qu’on est en droit de l’exiger, en tant qu’aviateurs et passagers ». Une première partie s’attache à rappeler « une histoire du vol et de la sécurité aérienne », évoquant les risques inouïs pris par les premiers aéronautes et l’évolution dans les tentatives pour rendre le vol commercial plus sûr.
Le deuxième chapitre (114 pages) consiste en un répertoire d’événements qui, à chaque fois, sont présentés, puis analysés. Pour chacun d’eux, Michel Polacco expose les enseignements qui ont étés tirés et les mesures qui ont été prises. Bien entendu, on trouvera les accidents qui ont marqué l’opinion française, Concorde de Gonesse, A330 Rio-Paris, A320 du Mont Sainte-Odile, vol 9525 de la Germanwings… mais aussi des événements plus anciens ou plus lointains que l’auteur évoque et dont on a également tiré des leçons. Cela va d’un accident mortel de montgolfière au célèbre amerrissage sur l’Hudson en passant par les attaques au bazooka depuis les terrasses d’Orly (1975). Les textes sont clairs et aisément compréhensibles, et ne jouent pas avec l’émotion.
La troisième partie brosse un tableau de la sécurité et de la sûreté de l’aviation d’aujourd’hui, mettant en lumière certains risques actuels, mais surtout les réponses qui y sont apportées. Un quatrième et court chapitre, intitulé Vers la fin des accidents clôt l’ouvrage.
Malgré un titre aussi effrayant qu’accrocheur, ce livre fait prendre la mesure de la constante évolution de la sécurité et des mesures prises pour l’accroître, y compris face à d’éventuels nouveaux risques. Et Michel Polacco n’est pas réputé écrire des balivernes…
Philippe Ballarini
256 pages, 15,5 x 23,5 cm, broché
0,400 kg