Les débuts de l’aviation furent l’œuvre de pionniers aujourd’hui célèbres, et dont la plupart des noms figurent en bonne place dans l’intéressant roman historique de Pierre-Alain Antoine Dans le ciel de Reims-Bétheny 1909 qui revient un peu sur leurs exploits.
Les premiers vols risqués de ces précurseurs, comme les frères Wright ou Santos Dumont, suscitèrent étonnement mais aussi envies et passions, comme celles d’un ingénieur vosgien et de son fils, bien décidés à construire leur propre aéroplane. Leur lent et difficile parcours de constructeurs pilotes amateurs, au prix de nombreux sacrifices, se déroule dans l’ambiance particulière d’un début de vingtième siècle si prometteur pour l’aviation, tant les yeux se tournent de plus en plus vers le ciel pour admirer avions et dirigeables, comme les mémorables Zeppelin.
Un comte veuf, et généreux mécène à la manière d’Henry Deutsch de la Meurthe, prête les terres de son château comme terrain d’envol et ses jardiniers comme mécaniciens pour aider le rêve de vol à devenir réalité. C’est l’occasion pour l’auteur de revisiter une époque héroïque et insouciante, premières heures aéronautiques dangereuses et si difficiles aux plans technique et financier, mais où les records primés des Blériot et Latham faisaient la une des gazettes illustrées. Des foules immenses assistaient alors aux meetings aériens pour y voir voler leurs vedettes, sur Antoinette, Farman et autres, et parfois les approcher, comme à la grande semaine d’aviation de Reims de 1909, à laquelle nos héros ont décidé de participer…
Un cahier de photos en noir et blanc redonnant vie aux prestigieux Farman, Polignac, Curtiss, Blériot, pilotant leurs drôles de machines, et plusieurs annexes historiques donnant toute précisions sur les événements relatés, clôturent cet ouvrage où vibre l’enthousiasme des premiers aviateurs, prêts à relever tous les défis.
Richard Feeser
– Pierre-Alain Antoine en pleine séance de dédicaces lors du Salon d’Histoire de Woippy (Moselle), le 15 novembre 2008.
– Le site web de l’auteur
1907-1909 : Tandis que la France entière se passionne pour l’aviation, Louis Parmentier, « jeune ingénieur en mécanique, employé dans un atelier de production de pièces automobiles à Saint-Dié », après avoir assisté à l’envol de Santos-Dumont à Bagatelle en 1906, s’attelle à construire son propre engin volant, soutenu par son fils Charles et un mécène, le comte de Pommerincourt.
Les études et travaux du héros, notamment ses démarches en quête d’un moteur, sont en réalité un argument pour le voir rencontrer de véritables pionniers, tant en France qu’en Allemagne (où Charles travaille même pour Zeppelin), autant d’occasions aussi pour le lecteur de découvrir l’ambiance bouillonnante de ces quelques années qui ont changé le monde, et finalement pour assister à la Grande semaine d’aviation de Reims (août 1909). Louis souhaite en effet aligner son aéroplane à la grande fête de l’aviation qui se prépare en Champagne (et à laquelle les plus grands ont effectivement pris part – Wright, Curtiss, Latham, Farman, Blériot etc…), mais faute d’être retenu par le comité d’organisation, il doit se contenter d’une place de bénévole, dépassé par la technique des autres. L’auteur en profite alors pour raconter les journées du meeting dans le détail, donner les classements, les records, tout ce qui a retenu l’attention de la presse de l’époque qui a visiblement été sa source principale. Le roman est d’ailleurs complété d’un important cahier de photographies et d’annexes sur la Semaine de Reims (70 pages), extraites de revues et journaux.
Malheureusement, cette abondance de détails, de parenthèses érudites (l’auteur connaît visiblement la question), et de projections dans l’avenir, cassent trop souvent le rythme du roman. Et à trop vouloir en faire, l’auteur en oublie ses héros qui passent beaucoup de leur temps à penser aux autres plutôt qu’à faire avancer leur propre étude. Le lecteur s’y perd un peu et ne sait bientôt plus s’il s’agit d’un roman de distraction ou d’un essai historique. L’idée de départ frappe un peu court, sauf si le but de l’auteur était justement de raconter les premières années de l’aviation en France, car dans ce cas c’est plutôt réussi.
Thierry Le Roy
300 pages, 14,5 x 25 cm, couverture souple
1 cahier photos