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Dans les nuages

Sarah Bernhardt

Vous avez envie de poésie fantasque, assaisonnée d’une pointe d’humour espiègle ? Ce petit livre est fait pour vous. Derrière son immense talent d’actrice, la « Divine », la grande Sarah Bernhard, celle que Victor Hugo nommait « la Voix d’or », cachait d’autres aptitudes, dont celle de l’écriture. Et le texte de Dans les nuages en est la preuve.

Sarah Bernhardt était connue pour ses extravagances et ses comportements de « femme libérée » avant l’heure. Adulée par les uns, irritant les autres, doté d’un vif caractère, elle n’était pas à une fantaisie près et ne prenait guère en compte le qu’en dira-t-on. Pas étonnant qu’elle prenne un malin plaisir à multiplier les ascensions dans le ballon captif géant d’Henry Giffard installé aux Tuileries. À une époque où, rappelons-le, l’aérostat était le seul moyen de s’élever dans les airs, elle fit grincer bien des dents en s’offrant le luxe d’une randonnée en ballon libre (à gaz), activité considérée à l’époque comme périlleuse.

Les récits de voyage en ballon sont somme toute assez peu fréquents et celui-ci, outre l’identité de l’auteur, ne manque pas de piquant. En effet, c’est une simple chaise qui nous narre cette excursion aérienne où l’on reconnaît Sarah Bernhardt dans le personnage de la prétendue Doña Sol. L’astuce stylistique est originale et permet à une certaine liberté de ton… de même qu’un autoportrait plutôt flatteur.

Le voyage aérien est en tout cas agréablement et méticuleusement décrit, avec même l’évocation de certaines manœuvres techniques, comme le lâcher de lest, l’ouverture de la soupape ou l’usage du guide-rope. La narration est en tout cas vivante, restituant avec forces détails — parfois cocasses — ce voyage du 22 août 1878. Le texte est d’autant plus fidèle à la réalité qu’il fut rédigé dès le lendemain même de l’excursion.

Dans les nuages a été publié dans une collection nommée Les inattendus. Le terme est bien choisi car, à l’Aérobibliothèque, nous n’aurions jamais imaginé avoir un jour à commenter un ouvrage signé Sarah Bernhardt. Ce petit livre, aimable et étonnant à souhait, se dévorerait volontiers s’il n’était préférable de le déguster lentement, avec gourmandise. En effet, le récit ne s’étale que sur 62 pages, le reste étant occupé par une préface (dont la lecture est, pour une fois, indispensable) et par des annexes essentiellement iconographiques. Un livre discret et savoureux.

Philippe Ballarini


95 pages, 12 x 19 cm, couverture souple
0,108 kg

– Édition présentée par Philippe Foubert, avec des gravures d’époque.

Ouvrages édités par
En bref

Le Castor Astral

ISBN 9791027800216

12 €