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D’azur et de sable

Un aviateur français en Syrie en 1923
Marcel Migeo

Marcel Migéo fait partie de ces grandes figures de l’aviation française que l’on a tendance à oublier de nos jours. Pour desservir sa mémoire, il n’a aucune victoire aérienne à son actif et n’a jamais battu de record aérien. Toutefois, sa vie bien remplie fut à la fois celle d’un pilote militaire et civil et aussi celle d’un écrivain aéronautique plusieurs fois primé, auteur notamment de trois biographies remarquables (Bastié, Saint-Exupéry, Daurat).

D’azur et de sable est la relation inédite des trois ans passés en Syrie, au sein de la 53e Escadrille stationnée à Deir ez-Zor, un terrain sommaire installé à 450 km à l’est de Beyrouth. Les récits sur cette période sont rares, y compris ceux qui se rapportent aux opérations aériennes dans le cadre de la pacification du Levant, la toute première « opération extérieure » de l’Aéronautique militaire. En 1920, la France reçoit un mandat de la SDN qui lui permet de contrôler terres et populations de ce vaste territoire ; l’Aéronautique militaire y prendra largement sa part et les aviateurs du Levant, soit sept escadrilles, permettront tant bien que mal un maillage efficace en temps de paix et un appui indispensable aux unités terrestres dans les opérations de maintien de l’ordre. Marcel Migéo nous livre tous les détails d’une vie rustique, souvent dure matériellement, parfois dangereuse, que ce soit face aux tribus bédouines incertaines, ou confronté aux maladies locales qu’on ne peut soigner sur place. L’aviateur n’est pas plus favorisé que le méhariste dans ces garnisons lointaines : pour preuve la marche épuisante de 400 km, avec tout les impedimenta personnels, qu’il doit effectuer avec ses camarades et quelques légionnaires pour rejoindre son escadrille, depuis Alep ! Il ne retire aucune gloriole de ces sacrifices car, volontaire pour ce métier, il a été bel et bien envoûté par les lieux, ces terres constamment brûlées par le soleil, ce ciel immense la nuit, ces villages éphémères de tentes ou de maisons en torchis, les ruines antiques millénaires. Les noms qu’il donne résonnent de mystère et de dépaysement, pour lui comme pour nous, Djezireh, Assetché, Muslimieh, Rakka — même si les terribles évènements récents les ont placés dans l’horreur des exactions du fanatisme.

Son style est direct, sans fioritures, et l’auteur nous fait part de ses observations et sentiments sans aucun fard, privilégiant une vision humaine et sensible de son aventure. On ne peut que se laisser séduire par ces pages qui rappellent une époque révolue, celle des aventuriers de l’air, dans des contrées à la fois hostiles et magnifiques. Le récit est complété par huit pages de photos également inédites, de trois pages rappelant les grandes dates de l’auteur ainsi que ses décorations. Petit ouvrage broché abordable, on regrettera qu’un certain nombre de coquilles ait été oubliées et que la préface de Patrick Poivre d’Arvor, qui a connu l’auteur dans sa jeunesse, soit d’une grande banalité.

Bernard Palmieri


256 pages, 15 x 21 cm, broché
cahier photo de 8 pages
0,392 kg

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En bref

Heimdal

ISBN 978-2-840-48499-8

19,50 €