De Dassault à la Sogerma

Cinquante ans d’aéronautique rochefortaise
Une histoire de mémoire
Collectif

Ouvrage épuisé

Le nom de Rochefort évoque généralement le souvenir de l’aérodrome de Soubise et de ses écoles de mécaniciens, aujourd’hui regroupées sur celui de Saint-Agnant, mais ce petit ouvrage nous donne l’occasion de sortir de l’oubli une usine aéronautique en activité depuis plus de 70 ans sur le site de l’ancien Arsenal créé par Louis XIV.
C’est Lioré et Olivier qui reprend en 1935 le site fermé depuis peu, pour produire quelques avions LeO 257 destinés à la Marine. La production est à peine lancée que l’usine est rachetée l’année suivante par Marcel Bloch dont l’entreprises est alors en pleine expansion : la série des LeO est terminée en même temps qu’est mise en place la fabrication de pièces et sous-ensembles pour les appareils du nouveau propriétaire des lieux, cédant à son tour les lieux à la nouvelle SNCASO qui prend le relais.

Après une courte fermeture, l’activité reprend en 1941, tant pour la société nationale que pour l’Occupant. La Libération trouve les ateliers dévastés et pillés, même si ils n’ont pas soufferts des bombardements alliés. L’outillage est alors rare pour relancer le travail, en particulier un petite série de SO 90 dont le prototype s’était échappé vers l’AFN de manière rocambolesque sous le nez des Italiens en 1943. Si il n’est pas dépourvu d’une certaine élégance, cet avion postal est malheureusement d’un autre temps et le fonctionnement calamiteux de se moteurs Béarn l’achève : les avions seront ferraillés sur le terrain de Soubise sans avoir volé…

Le reste de l’histoire est celle – typique – d’une petit établissement décentralisé qui doit lutter chaque jour pour justifier son existence. Si sa production est principalement faite de sous-ensembles, deux séries d’appareils complets en sortiront encore : des SO 1221 Djinn à partir de 1954 et les premiers Gardan GY 80 Horizon en 1962-65. Aujourd’hui intégrée à la SOGERMA, l’usine produit en particulier les sièges des pilotes pour Airbus.

On aurait peut-être aimé en savoir plus sur les différents appareils produits – dont la dénomination est parfois légèrement floue, comme sur la place de l’usine dans l’histoire de l’industrie aéronautique française, mais ce serait faire un mauvais procès aux auteurs de cet ouvrage. Cette imprécision n’est-elle pas finalement le fait qu’il est encore aujourd’hui difficile de trouver un bibliographie historique facilement accessible qui permettrait de répondre aux questions que peut se poser le non-spécialiste, et ce malgré une Histoire aéronautique largement faite de monographies depuis plus de cinquante ans ? On regrettera surtout l’anachronisme du titre…

Quoi qu’il en soit, le but de l’ouvrage est autre, car son propos était de recueillir et rassembler le témoignage des acteurs « de base » ayant travaillé sur place, avant que cette mémoire ne s’efface. Débordant du seul cadre technique, celui-ci nous donne un point de vue extrêmement intéressant, en particulier en ce qui concerne les deux périodes cruciales pour l’industrie aéronautique française que furent les années situées de part et d’autre de la deuxième guerre mondiale. Sur un plan plus particulièrement industriel, on y trouvera une excellente évocation des techniques utilisées ainsi que des conditions de travail.

L’exercice n’est pas aussi facile qu’il n’y paraît et Patrice Clairac réussit à trouver l’équilibre entre une nécessaire unité de syntaxe et le souci de ne pas trahir l’authenticité des témoignages. On ne peut qu’espérer que cette expérience en appelle d’autres.

Pierre-François Mary


172 pages, 15 x 21 cm, couverture souple

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Le Castor Astral

ISBN 2-85920-692-2

apuisé
13 €