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De Gagarine à Thomas Pesquet

L’entente est dans l’espace
Éric Bottlaender & Pierre-François Mouriaux

L’histoire de la conquête de l’espace de Gagarine à Thomas Pesquet en 176 pages seulement ? Fichtre ! Ce livre serait donc de l’ultra-concentré ? Que nenni ! Le sous-titre L’entente est dans l’espace fournit une précision importante sur l’orientation de l’ouvrage. D’ailleurs, n’est-ce bien qu’un sous-titre ? Alors que sur la couverture il est écrit avec la même taille de caractères que le titre lui-même, il apparaît en lettres capitales sur la page de titre, ce qui met l’accent sur une approche coopérative de l’épopée spatiale, bien éloignée de l’esprit de compétition (voire guerrier) des débuts de cette fabuleuse aventure.

En juillet 1975, le terrien lambda apprit avec étonnement que là-haut, deux vaisseaux, un Soyouz russe et un Apollo états-unien, s’étaient arrimés pour une fraternelle poignée de mains dans un sas commun. Avec étonnement, mais avec une certaine incompréhension : la guerre froide sévissait encore et, de la mise sur orbite de Spoutnik 1 (1957) à la mission Apollo 11 (1969), il n’avait été question que de « course à l’espace » entre les deux états géants, URSS et USA.

C’est sur cet épisode majeur et ce virage important que fut la mission Apollo-Soyouz que s’ouvre ce livre. Il est suivi du séjour du Français Jean-Loup Chrétien à bord de la station soviétique Saliout 7 (1982), du programme Navette US-Station Mir (1994-1998), de la présence de spationautes français dans la station Mir, de la mission Aragatz (1988) à Perseus (1999), et se termine en feu d’artifice avec l’ISS, la station spatiale internationale.

C’est donc une vision bien pacifique, fort éloignée de l’initiative de défense stratégique — la fameuse « guerre des étoiles » — chère au président Ronald Reagan, qui nous est proposée par Éric Bottlaender et Pierre-François Mouriaux, dans une démarche tout à fait originale. Force est de reconnaître que dans les années soixante-dix, la course à l’espace n’avait plus guère de débouché national (hormis une possible destruction planétaire) et que les programmes devenant de plus en plus ambitieux, il devenait nécessaire ― voire incontournable — de les développer en collaboration (comme c’est devenu fréquemment le cas dans les programmes aéronautiques de moins en moins « mono-nationaux »).

Les cinq chapitres ne sont pas que de froides données techniques, politiques, stratégiques… Ils brillent par leur mise en valeur de l’approche « humaine » de ces missions, par la présence d’anecdotes et de témoignages vivants, voire d’une sorte d’utopie humaniste bien agréable, démontrant que des objectifs ambitieux communs peuvent assourdir le bruit des bottes et le cliquetis des armes. De toute manière, ainsi que le rappellent leurs auteurs, la conquête spatiale en arrive à un stade où seule une coopération mondiale pourra la faire évoluer.

Ce livre à la démarche originale ne manque pas d’une certaine poésie, particulièrement par le biais de superbes photographies. Ajoutons à cela le fait que les éditions Louison ont joué la carte de l’esthétisme, mais également celle de l’impression sur un beau papier épais. En conclusion, un livre qui ne manque ni d’intérêt ni de charme… d’autant plus qu’il nous est proposé à un prix raisonnable.

Philippe Ballarini


176 pages, 18 x 35 cm, couverture souple à grands rabats
0,614 kg

– Avant-propos de Claudie Haigneré
– Préface d’Oleg Novitski

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Louison Éditions

ISBN 979-10-95454-17-5

17 €