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De glace et de lumière

Roman
Anne Réale et Thierry Vigoureux

Un ULM électrique, ça n’a rien d’extraordinaire. Mais l’Oiseau de Stephan et Anya a un petit truc en plus : sa peinture est photoélectrique et ses longerons sont des batteries… Par beau temps, il peut voler indéfiniment, surtout en montagne où la réflexion de la neige lui permet de « faire le plein » même par les intrados. Pour promouvoir leur prototype, les inventeurs veulent lui faire effectuer un grand raid des Alpes au Groenland ; mais il leur faut de l’argent, donc un sponsor, lequel impose à Stephan de partir avec Estelle, une blogueuse chargée de sa promotion. Et tant pis pour Anya, qui a tout sacrifié à la conception de l’Oiseau, à la préparation du raid, et qui va devoir suivre au loin, sur un blog à l’eau de rose, l’aventure qu’elle avait conçue avec son amoureux.

De glace et de lumière provoque des sentiments mitigés. Côté positif : c’est globalement très agréable à lire, avec une belle fluidité et une écriture sobre et efficace — les auteurs sont tous deux journalistes, école de l’économie qui forme souvent des styles très modernes et lisibles.

Le roman profite également d’un bel équilibre entre action et réflexion, entre passages épiques et rêveries déconnectées, entre digressions techniques et embrassades amoureuses. On retrouve un peu des bons côtés de Saint-Exupéry, mêlant intimement actions et pensées des personnages et passant d’un trait de la préparation d’un atterrissage à une réminiscence de jeunesse. Il y a aussi, au passage, une critique assez directe du pouvoir des sponsors lorsqu’une opération de communication les pousse à se mêler de projets de recherche qui ne les intéressent pas.

Il a en revanche deux faiblesses.
D’abord, un manque global de cohérence : des passages au présent, au passé simple et au passé composé s’enchaînent sans logique particulière, et la narration à la troisième personne alterne avec les histoires personnelles des différents personnages sans que ces changements soient justifiés ou même signalés.
Ensuite, une naïveté générale un peu lourde, avec des rebondissements « téléphonés » et des coïncidences trop énormes pour passer — accordons des mentions spéciales à la « malédiction familiale », érigée en révolte symbolique contre le sort avec une certaine insistance, et au grand-père, deus ex machina débarqué au Groenland au moment critique sans autre raison que la volonté des auteurs de lui offrir une scène de retrouvailles.

Dans l’ensemble, De glace et de lumière se lit assez agréablement et s’avère un roman sympathique. Il faudrait juste, pour une prochaine édition, penser à revoir certains rebondissements et à réviser la concordance des temps narratifs…

Franck Mée


384 pages, 15 x 21 cm, broché

En bref

Pascal Galodé Éditeurs

ISBN 978-2-35593-222-9

22 €