Dans la course que se sont livrée les éditeurs à l’occasion du cinquantième anniversaire des premiers pas de l’homme sur notre satellite, le livre De la Terre à la Lune fait un peu figure de retardataire… tout en restant dans les temps. En tout cas, ce n’est pas, loin s’en faut, l’ouvrage le moins attractif sur le sujet.
Édition française du livre de Colin Salter The moon landing (Flame Tree Publishig Ltd. – Londres), il a reçu des éditions françaises L’Imprévu un traitement qui n’attire que des éloges : superbe volume, franchement élégant, dans un confortable format carré de presque 30 cm de côté ; 192 pages très bien imprimées sur un papier de fort grammage, reliure irréprochable. La mise en page est classique, sobre et soignée. Un petit regret : le livre est imprimé en Chine*.
Le contenu fait quant à lui davantage penser à un bel album largement commenté (et organisé chronologiquement) qu’à un précis historique. On notera que si très souvent, la conquête de l’espace est ces derniers temps réduite aux missions de la NASA, ici l’approche se fait à l’objectif grand-angle : les Soviétiques sont assez largement évoqués, y compris du point de vue iconographique.
Le point de départ de cette « course à la Lune » est rappelé : on se souvient du puissant moteur que fut la Guerre froide dans cette époustouflante compétition. Après quelques rapides rappels bienvenus (la gravitation, Wernher von Braun…), nous arrivons aux « travaux pratiques » : les programmes Mercury (USA), Vostok et Voskhod (URSS). La suite relève de la logique chronologique : Gemini, puis Apollo avec l’apogée du 21 juillet 1969. Bien heureusement, le livre ne prend pas fin avec la dernière mission d’Eugene Cernan (Apollo 17). Un dernier chapitre Le legs du programme Apollo évoque (peut-être un peu vite) Skylab, l’ISS, les taïkonautes, le climat social et culturel des années soixante, puis l’exploration interplanétaire et l’incontournable Elon Musk.
Si la qualité de reproduction et d’impression des photographies sont au rendez-vous, le choix de l’iconographie est lui aussi excellent. Il eût été inimaginable qu’un tel ouvrage ne reproduise pas certains inévitables clichés de la NASA, mais on sent que c’est presque à contrecœur, en particulier au regard des autres illustrations singulièrement moins connues et bien plus originales. Les photos qui méritaient un grand format ont le plus souvent été imprimées en pleine page (29 x 28 cm). On aura accordé une importance moindre au texte : un fort interlignage en est la preuve (mais participe à l’élégance du livre). Celui-ci va à l’essentiel, s’avère pertinent et nous n’avons pas pu prendre en défaut la traduction de Laurence Seguin. Un « bon point » supplémentaire : la présence en fin d’ouvrage d’un index très fourni.
Disons-le tout net : sur la vingtaine de livres traitant du sujet que nous ayons eu à commenter, la concurrence est d’une certaine rudesse, et celui-ci se place nettement dans le « dessus du panier ». Peut-être pas un coup de cœur, mais tout près, tout près…
Philippe Ballarini
*NDLA : À décharge, il n’est pas interdit de penser qu’imprimé et façonné dans l’Union européenne, ce livre aurait difficilement pu être commercialisé à moins de 30 €, comme c’est le cas ici.
194 pages, 29,8 x 28,8 cm
1,645 kg
Traduction : Laurence Seguin