Alain Roellinger, passionné d’aviation dès sa jeunesse, ne découvre finalement le pilotage qu’à la quarantaine. Sans tarder, cette autorisation de voler seul à bord d’un avion léger se transforme en goût immodéré d’aller voir « ailleurs ».
« L’ailleurs » selon Roellinger, ce sont des territoires difficiles, mais où l’avion léger se révèle indispensable. Ce sera donc l’Islande, l’Alaska, le Grand Nord canadien, la Scandinavie, mais aussi la Russie. En gros, les grands espaces nordiques, difficiles à explorer rapidement autrement qu’avec un avion, un Cessna 172, un Piper PA 28 ou un Commander 112. De temps en temps, il s’accorde une infidélité à ses territoires de prédilection pour filer en Afrique, mais pour la bonne cause.
Le point commun entre tous ces espaces aériens, c’est qu’ils se caractérisent par leur topographie et leur météorologie marquées, mais ce que démontre l’auteur dans les multiples aventures qu’il relate dans son livre, ce sont aussi d’infinies possibilités de rencontres, chaleureuses, inoubliables ou typiques de la mesquinerie humaine. Ce sont aussi d’inoubliables confrontations avec le règne animal, comme avec les ours blancs à Churchill qui font l’objet d’une histoire aussi instructive sur le plan aéronautique (tout vérifier, tout prévoir) que truculente.
Ainsi Roellinger déroule-t-il ses vols simplement « extrêmes », ses prises de risques, ses coups de chance mais aussi son expérience devenue simplement extraordinaire parmi les pilotes de brousse. Pour un pilote privé habitué au tour de piste et aux petits voyages qu’on peut encore pratiquer dans notre pays, c’est clairement une autre façon de vivre sa passion du pilotage. Très convaincant par son style d’écriture direct et percutant, nul doute qu’un tel livre pourrait donner des envies d’ailleurs…
Malheureusement, l’ouvrage s’achève avec une note d’extrême amertume car en 2009, l’auteur a été impliqué dans une collision aérienne où son Commander a été percuté par un Cessna en vol d’instruction, un accident aux conséquences lourdes et dramatiques. Même si l’auteur affirme que son amour pour le vol n’en a pas été affecté, ces dernières pages sonnent aussi comme un avertissement sinistre. L’aviation reste une activité à risque, et c’est ce risque accepté qui fait de ces pages plutôt enlevées de belles histoires d’aviation légère.
Frédéric Marsaly
200 pages, 15,3 x 24 cm, broché
0,330 kg