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De mécano à pilote de jet

Nicolas Ader

Lorsque l’on discute avec ses amis pilotes professionnels, qu’ils soient militaires ou civils, il est bien rare de les entendre dire sérieusement que leur outil de travail quotidien est un « avion de merde ». C’est généralement plutôt l’inverse, tant ils sont fiers de dominer une monture bourrée d’électronique bien pensée ou au contraire un avion rustique et exigeant. Nicolas Ader, aviateur bien nommé, se démarque en constatant tout au long de son livre à quel point son avion, son outil de travail, est mal fini, fragile, peu fiable, à l’ergonomie déroutante.

Tout au long de son livre, Nicolas, qui pilote un Eclipse 500, un jet de 5/6 places, capable d’atteindre 40 000 ft (plus de 12 000 m, NDLR) et de voler à Mach 0,7 tout en coûtant moins de 2 000 000 US$, pour le compte d’un banquier ukrainien, ne cesse de décrire les nombreuses avanies subies à bord de ce drôle d’avion. Bien qu’ayant fait l’objet de nombreuses commandes, Eclipse Aviation a pourtant fait faillite, laissant ses 260 clients avec un avion sur lequel il y avait encore beaucoup de travail pour en faire des avions « mûrs ». Et pourtant, Nicolas Ader semble bien s’accoutumer avec son métier de pilote professionnel à des années lumières de la manière dont cette profession est exercée dans les grandes compagnies aériennes.

Et ce n’est pas là la seule originalité de l’auteur qui a commencé sa carrière comme mécano dans l’armée de l’Air avant de devenir instructeur bénévole, pris de nombreux chemins de traverse pour ne devenir pilote professionnel que sur le tard.

Cette trajectoire inédite rend ce témoignage particulièrement intéressant et tend à donner de l’espoir à ceux qui rêvent du « plus beau bureau du monde » et à qui on répète sans cesse « tu n’es pas assez bon en maths » et « passe ton bac d’abord ». Nicolas Ader démontre qu’on peut être pilote sans être bachelier, mais pour ça, il faut savoir se donner de sérieux coups de pieds au derrière pour avancer, et c’est sans doute là le nœud du problème.

À notre grande surprise, le récit des aventures de l’auteur, de sa formation et de son métier, est finalement assez court. Pour compléter l’ouvrage, un « bonus » est donc constitué de six articles signés de Nicolas Ader et parus dans le magazine Volez !, six essais en vol de six machines intéressantes telles que le Beech Staggerwing ou le Piel Émeraude.

De mécano à pilote de jet est donc le récit de l’aventure d’une vie, mais c’est un livre assez court, de seulement 130 pages, dans un format assez réduit, et donc pour lequel son prix de 21 € peut surprendre. En fait, l’ouvrage est réalisé sur un papier assez fort et contrairement aux habitudes de type d’ouvrage, il est imprimé en quadrichromie, ce qui permet à l’éditeur de multiplier les photos en couleur dans le texte et de distinguer les apartés par des fonds bleus.

Original par le parcours de son auteur et par sa réalisation, De mécano à pilote de jet, est un récit d’une lecture agréable mais qu’on aurait aimé, finalement, un peu plus dense.

Frédéric Marsaly


134 pages, 30 x 21 cm, couverture souple

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En bref

Volez Éditions

ISBN 978-2-917396-11-7

21 €