Ce livre est à double titre un témoignage intéressant. Comme pilote militaire tout d’abord, Piet Van Riet a fait partie des jeunes gens envoyés au début des années cinquante par la Belgique — comme par bien d’autres pays de l’OTAN — aux États-Unis d’Amérique pour y être formés comme pilotes de chasse. Mais là où, dans la plupart des (auto)biographies cette formation est résumée dans un rapide chapitre, tout ici est finement détaillé dans le récit.
Plus tard, évoquant l’époque où l’auteur est devenu pilote civil, cet ouvrage est une petite chronique des années d’or de la SABENA, sur fond de révolution technique avec l’arrivée des premiers jets, et de politique internationale parfois tendue, annonciatrice de décolonisations imminentes.
Ce sont donc quarante ans d’une vie aéronautique bien remplie qui nous sont racontés, la partie militaire occupant le premier quart de l’ouvrage, le reste de cette autobiographie retraçant la carrière civile comme pilote de ligne, avec l’évolution des qualifications passées et des machines pilotées.
À de multiples occasions Piet Van Riet fait montre d’un caractère bien trempé et d’un esprit frondeur vis à vis de certains petits chefs ou de règlements qu’il trouve absurdes, d’où l’idée de « rebelle » glissée dans le sous-titre.
L’ensemble est souvent gai, enjoué, empreint d’un humour potache. Les escales sont, quant à elles, souvent imbibées à des taux qui inquièteraient de nos jours un chargé de la sécurité des vols.
En s’en amusant, l’auteur est le premier à citer les sobriquets fondés sur les acronymes des compagnies aériennes*.
Le français n’étant pas la première langue de l’auteur, on note de petites fautes tout à fait pardonnables et une grande influence de l’anglais et de ses racines flamandes/bruxelloises. On trouve donc de nombreuses expressions sur lesquelles il faut s’arrêter*, voire se renseigner*.
On relève enfin quelques variations au fil des pages dans l’écriture des noms propres ou des termes techniques (SWCF/WFC/WCF…) et une petite erreur de continuité pages 176/177 qui empêche de comprendre une anecdote.
Mais ces détails ne sont que des queues de cerises, l’important étant que l’on passe un excellent moment à cette lecture, agréable et souvent amusante.
Jean-Noël Violette
* SAS : Scandinavian Alcohol System
SABENA : Sex And Beauty Every Night Again (à noter qu’il existe une autre plaisanterie, classique dans le monde de l’aviation mais moins flatteuse : Such A Bad Experience, Never Again…)
* Dropping, drill (marche militaire), etc.
* Poeper : « Fesses » en néerlandais, mais possédant aussi de multiples sens en argot bruxellois : baiseur, chieur, trouillard… (Merci à Marianne et Michel pour la traduction bruxelloise)
21,2 x 27,5cm, 208 pages, broché, couverture souple
Illustrations n&b et couleur
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