Décrochage, c’est un roman racontant les mésaventures d’une pilote professionnelle, Léa Desanges, harcelée par un ancien amant créateur de drones furtifs de hautes performances.
Techniquement, c’est aussi un roman d’anticipation, dans la mesure où les auteurs ont choisi de mettre en scène des appareils et des solutions techniques (avions commerciaux solaires, nano-cellules photovoltaïques, impression 4D, drones furtifs et/ou bio-mimétiques, combinaison en graphène, etc.) n’existant pas encore réellement mais annoncés pour un futur proche par l’évolution actuelle des techniques. Une anticipation raisonnée et raisonnable, en somme.
Et c’est aussi, au passage, une charge contre les médias et principalement les chaînes d’information continue, brassant beaucoup d’air autour de peu d’éléments. Il est dommage toutefois que cela se traduise dans le livre par une reprise des codes du genre, prolongeant les instants cruciaux du roman par un suspense qui paraît parfois bien artificiel et longuet.
Les auteurs étant pilotes privés, on sent qu’ils ont globalement une bonne connaissance de l’aérien, de sa technique et de son vocabulaire. On sera tout de même surpris par certaines tournures maladroites, page 32 une explication du réglage optimal « un délicat ajustement entre la vitesse à laquelle l’avion perd le moins d’altitude pour la plus grande distance parcourue. », page 34 « une école peu coûteuse dans un petit aérodrome »/« on pouvait décoller beaucoup plus vite que dans les grands aérodromes de Floride » ou page 183, une injonction de « mise du manche horizontal » qui fait plus penser à une action sur un volant que sur un manche.
On peut être gêné également par le choix des temps de narration : la plupart du texte est écrit au présent. Si cela colle bien à une biographie, c’est moins bien adapté à un roman, dont les scènes ressortent de ce fait avec un côté théâtral trop marqué, et cela complique les retours en arrière suggérés par des temps à l’imparfait ou autres formes du passé.
Mais que ces petites broutilles ne vous décrochent pas de votre lecture, et vous refermerez ce livre avec l’impression d’avoir passé un bon moment. C’est un excellent « livre d’aérogare ».
À la suite des titre et sous-titre Décrochage – Harcèlements dans le cockpit , il faut noter avec un sourire la connotation catastrophiste des têtes de chapitres, dont nous vous proposons avec ravissement la table ci-dessous. Cela fleure bon les collections de romans d’espionnage ou les films de série-B :
* Prologue
* Un volcan crache, un avion disparaît
* Champagne sur un bout de planète morte
* Je saurai toujours où tu es, à terre comme dans le ciel
* Cet avion ne bouffe que du soleil… quand il y en a !
* L‘avion va passer au raz de leurs casquettes
* Mains crispées sur le manche comme sur une Kalach
* Glissades et dérobades en plein ciel
* Peut-être un rendez-vous secret avec un goéland
* Gouffres bleus et fantômes noirs
* Léa faisait-elle partie de ces pilotes à risques ?
* Tu verras bientôt le ciel et la mer flamboyer
* Chez les Desange, voler est une passion mortelle
* Funambules entre ciel et mer
* Avec mes peurs et mes interdits, je lui ai coupé les ailes
* Errances, tourmentes et potions magiques
* Une sarabande de drones
* Altitudes interdites
* Le SunFastBird se serait-il perdu en mer ?
* De 4 000 m altitude à 4 000 m de fond
* Avions kamikazes et pilotes dépressifs
* Pirates et turbulences
* Un terroriste aux commandes ?
* Au-dessous des mers de nuages, c’est l’éternité !
* Des oiseaux, on a cogné des oiseaux, c’est sûr !
* Une deuxième énigme commence
* Une parenthèse sous les alizés
* Un pervers narcissique
* Épilogue
* On a retrouvé Rolando !
* Postface
Jean-Noël Violette
252 pages, 15,5 x 23,8 cm, broché, pas de photos
0,400 kg