Ouvrage épuisé
Chaque nouvelle publication de l’ARDHAN est une tentation pour les aérobibliothécaires d’ajouter un nouveau titre à la courte liste de nos coups de cœur. À force, nous allons nous faire accuser de collusion avec l’éditeur, voire de favoritisme. Or il faut le constater, dans la production de cette association, il n’y a aucune fausse note ! Et a priori, ce livre ne déroge pas à la tradition.
Armand Verdier était pilote de Helldiver à la flottille 3F à bord du Porte-avions Arromanches pendant la compagne en Indochine de 1951-1952. A ses fonctions navigantes il ajoutait le rôle délicat et crucial d’Officier d’Appontage. Il a rédigé au long de cette « croisière » de près d’un an, un journal que l’ARDHAN publie donc aujourd’hui.
Comme tout document qui n’était pas destiné à la publication, le texte d’Armand Verdier est très touffu, très détaillé. Les petites histoires au-dessus et au-dessous du pont d’envol occupent une large partie du récit. Si les amateurs de seuls récits de vols regrettent généralement cette tendance, il faut bien constater que ces digressions, qui font pourtant partie de la vie quotidienne du marin embarqué ont pour avantage de bien plonger le lecteur dans l’ambiance d’une époque. De plus, elles sonnent juste et apportent bien souvent un éclairage intéressant sur l’époque, sur les hommes, sur les machines concernées par cette histoire.
Et de quelle histoire s’agit-il ? De la guerre d’Indochine. La littérature sur ce conflit est généralement cantonnée aux opérations terrestres et, bien entendu, à la bataille de Dien Bien Phu. Pour les opérations aériennes, l’historiographie est bien plus pauvre. C’est ainsi que le témoignage du CV Verdier prend son importance. Pilote de Helldiver, ce sont les missions d’attaque au sol, de soutien aux troupes au sol qui ont occupé la plupart de ses heures de vol, à l’instar de ses homologues de la chasse et de l’armée de l’air, d’où l’importance de ce livre. En outre, ses fonctions d’officier d’appontage lui donnent un regard particulier sur les opérations aériennes embarquées.
Ne perdons pas de vue non plus que pour ces marins, une mission commence lorsque le navire quitte son port d’attache et s’achève donc lorsque la rade de Toulon est enfin atteinte.
Ce rythme de vie, bien particulier est très présent dans ces pages qui se lisent avec un grand plaisir, plaisir renforcé par les nombreuses photos inédites qui parsèment ce livre. A la fois pour l’intérêt pour la période abordée, pour la qualité du récit proposé, pour la réalisation impeccable de ce livre, nous ne pouvons que vous le conseiller.
Encore une fois, nous ne pouvons que faire l’éloge de l’ARDHAN à travers cette nouvelle production, mais rassurez-vous, nous n’en éprouvons aucun scrupule !
Frédéric Marsaly
240 pages, 15,5 x 14 cm, reliure souple