Ouvrage épuisé
Nous avions dit tout le bien que nous pensions de son précédent ouvrage, consacré au sujet méconnu de l’Aviation Populaire; dans un domaine voisin, Vital Ferry a cette fois étendu son champ d’investigation à toute la première moitié du XXe siècle ; si le sous-titre ((du pingouin au jet) fait explicitement référence aux engins sans ailes confiés aux apprentis aviateurs des écoles Blériot d’avant 1914, l’auteur s’intéresse en fait à la formation de l’ensemble des « métiers des routes aériennes », les pilotes bien sûr, mais aussi tous ceux dont la présence fut nécessaire à leur exploitation, comme par exemple les commandants d’aérodrome ou les opérateurs radio.
L’ouvrage est partagé en deux grandes parties principales couvrant les périodes de paix du début du siècle, en passant plus rapidement sur les deux guerres mondiales qui virent disparaître presque complètement le trafic civil, comme on peut s’en douter. Si l’entre-deux-guerres peut nous sembler un passé définitivement révolu avec ses phares de navigation et ses terrains de secours, l’après 1945 apparaît plutôt comme un prologue à notre temps conduisant au seuil des années soixante, quand l’enseignement dispensé par l’École Nationale de l’Aviation Civile aux futurs pilotes, contrôleurs aériens et ingénieurs se met en place, tel que nous le connaissant encore aujourd’hui.
Le choix de rassembler toutes ces professions dans un même ouvrage suit une logique certaine, mais sans vouloir raviver un antagonisme entre navigants et personnels au sol, on peut se demander s’il n’aurait pas été préférable de scinder le sujet en deux ouvrages différents, en développant un certain nombre de points. Le travail du personnel d’exploitation aurait pu être replacé dans le contexte plus général du développement du réseau aérien français, avec ses aérodromes et ses moyens de navigation. L’auteur aborde bien sûr le sujet, mais la bibliographie sur le sujet est tellement rare qu’on aurait aimé qu’il s’y attarde avec le talent qu’on lui connaît. De la même manière, on aurait souhaité voir abordé le contenu de l’enseignement dispensé par les écoles de pilotage, y compris pour les militaires qui formèrent pendant longtemps la majorité du recrutement des aéro-clubs et des compagnies aériennes.
Quoi qu’il en soit, l’honnêteté commande avant tout de saluer la publication de cet ouvrage, car il est difficile de reprocher au seul Vital Ferry la quasi inexistence de références à ce sujet. Félicitons-le donc plutôt de nous rappeler que c’est la conduite d’un véhicule dans un espace à trois dimensions qui a fait la spécificité incontestable de l’aéronautique, créant un grand nombre de professions particulières.
Voilà donc un ouvrage hautement recommandable où chacun trouvera une quantité d’informations, en espérant qu’il jouera un rôle de précurseur pour de futurs travaux.
En un mot : Bravo, à l’auteur, comme à l’équipe de la mission « Mémoire de l’Aviation Civile » qui lui a apporté son soutien.
Pierre-François Mary
200 pages, 14,5 x 22 cm, broché