Lorsqu’un fils découvre la carrière d’officier dans l’armée de l’Air de feu son père au travers de lettres personnelles, de courriers et d’écrits divers (proches, anciens chefs…), aussi de bandes audio et de documents officiels gardés précieusement par le Service Historique de la Défense, il peut se lancer dans la rédaction d’une belle biographie. C’est ce que fait Philippe Jarry pour son père, le général Pierre Jarry, avec un réel talent et un sérieux travail d’historien. Il faut dire que ce père adoré, pilote de chasse et de reconnaissance, vécut des moments très forts de 1938 à 1954, qui méritaient d’être racontés.
Des images sous les ailes nous apprend tout des difficultés de Pierre Jarry à préparer le concours pour intégrer la promotion 1940 de l’École de l’air dans les turpitudes de la Débâcle dont Mers el-Kébir (il était fils d’amiral et bien sûr « fana baille »…), aussi des chaos et revirements d’une progression militaire et aérienne incertaine, de Toulouse à Salon de Provence en passant par les camps Jeunesse et Montagne, la Résistance côté FFI (1943-44), les écoles de pilotage d’Amérique à Mekhnès (1945-1947), jusqu’au brevet de pilote de chasse sur P-47. On découvre aussi comment naquit sa vocation pour la « Recco » devant les belles lignes d’un très « poétique » bimoteur P-38 Lightning équipant alors les unités de reconnaissance dont le célèbre Groupe I/33 Belfort (celui des Gavoille, Saint-Exupéry…) « offrant des perspectives intéressantes de commandement… ». Le livre se termine en Indochine lorsque Pierre Jarry participe au conflit franco-vietnamien en plus de 70 missions de guerre, notamment sur Bearcat.
Son parcours, présenté sous un angle aéronautique et personnel, rejoint la grande histoire de notre pays déchiré par la deuxième guerre mondiale ou par les affres d’un conflit d’Outre-mer jusqu’à la tragédie de Diên Biên Phu…
On apprend beaucoup des conditions de vie difficiles, des incertitudes professionnelles et familiales et des états d’âme qu’occasionnèrent ces heures de guerre et de crise où les aviateurs rencontrèrent des problèmes de tous ordres : « grande disette » de la vie courante, pénurie de matériels aériens, instabilités et hésitations gouvernementales, sentiment d’être parfois lâché…
L’avis de Pierre Jarry, et ses doutes sur une période qu’il vécut dans toute son intensité guerrière, nous éclairent sur des aspects peu connus de celle-ci qui ne remirent jamais en cause son inaltérable passion pour le vol au service de son pays. Cette histoire vraie et familiale, écrite avec tendresse et élégance par Philippe Jarry, et préfacée par le général Roland Glavany, est illustrée de quelques photos d’époque.
Richard Feeser
352 pages, 16 x 24 cm, couverture souple
Préface de Roland Glavany
– Cet ouvrage est suivi de Pilote de reco, chez le même éditeur.