Même s’ils peuvent être consultés séparément, ces deux tomes forment bien un seul et même ouvrage qu’il est préférable de lire en suivant afin d’avoir le récit complet des premières expériences aérostatiques entre 1783 et avril 1784, en France et dans quelques pays proches. Le titre est en effet réducteur, car il n’est pas seulement question dans ce livre de la « machine » d’Étienne et Joseph Montgolfier, mais bien de l’aérostation en général, la montgolfière à air chaud ayant été vite détrônée par le ballon à hydrogène.
Professeur de géologie et administrateur au Muséum d’Histoire Naturelle, Barthélemy Faujas de Saint-Fond est un savant, une sommité de son temps (il a notamment contribué à l’Histoire naturelle de Buffon), et s’est intéressé comme beaucoup d’autres à l’époque aux principes découverts par les frères Montgolfier. Lui-même a été un acteur des événements qu’il rapporte, puisqu’il a aidé Jacques Charles (inventeur du ballon à gaz), Étienne Montgolfier et Jean-François Pilâtre de Rozier.
L’ouvrage est une suite d’articles présentant tour à tour chacune des expériences. Pour chacune d’elles, Saint-Fond ne se contente pas d’en être le chroniqueur : il observe, il note et il recueille. Il conserve une démarche scientifique qui l’amène à préciser chaque fois que possible la position des témoins, l’heure précise et les angles de vues, afin de ne rien laisser au hasard.
Mais c’est aussi à la machine elle-même et à la manière de la faire progresser que s’attache Saint-Fond. Il décrit dans le détail les matériaux employés, les gaz utilisés : « le gaz des Montgolfier » (car on pense à l’époque qu’il s’agit d’un gaz nouveau) ou « l’air inflammable » de Jacques Charles (l’hydrogène). Il réfléchit à la manière de les produire et étudie aussi comment améliorer la « machine » grâce à des toiles plus solides, caoutchoutées. Il imagine même de la diriger, et dès le tome 1, il prévoit d’y installer un thermomètre et un baromètre pour faire progresser la connaissance. On peut donc se demander, qui de lui ou de Charles en a eu l’idée en premier.
Ces rééditions des ouvrages originaux (tome 1 paru en 1783 et tome 2 paru en 1784) sont en vérité des fac simile. Or, il s’agit là de l’une des principales sources primaires sur le sujet. Ceux qui s’intéressent aux origines du vol humain y apprendront donc nécessairement quelque chose, parce que depuis lors beaucoup de détails se sont perdus au fil des interprétations.
Bien sûr, le livre a vieilli et Saint-Fond y commet des erreurs d’interprétation. Il conviendra donc peut-être, de le rapprocher de la thèse de Marie Thébaud-Sorger L’Aérostation au temps des Lumières (PUR, Rennes, 2009) afin d’obtenir une approche clarifiée des événements et des circonstances. L’ouvrage peut aussi présenter quelques difficultés si on n’est pas habitué à l’écriture et à orthographe du XVIIIe siècle. Mais celles-ci sont très vite contournées et l’ouvrage est véritablement passionnant. Reste son prix, peut-être un peu élevé (51 € les deux tomes).
Thierry Le Roy
320 pages, 14 x 21 cm, broché
– Tome 1 : Description des expériences de la machine aérostatique de MM. de Montgolfier
– Tome 2 : Première suite de la description des expériences aérostatiques de MM. de Montgolfier.
Avec l’aimable autorisation des
© Presses du Midi
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