S’il est des sujets (courus) où les auteurs se livrent une concurrence certaine, d’autres sont le terrain de prédilection de fort peu d’auteurs, si ce n’est d’un seul. Depuis plus d’une vingtaine d’années, Philippe Coué s’est hissé au rang de spécialiste incontesté de l’astronautique chinoise. Sujet qui, il y a peu, semblait encore quasi exotique, mais qui peu à peu prend (en toute discrétion) une place de plus en plus importante, et ceci dans une approche souvent originale.
La débauche de moyens financiers, matériels et énergétiques, est désormais d’une autre époque et le « gaspillage » n’est plus guère de mise, y compris dans le domaine de l’astronautique. 2011 marqua la fin de l’épisode « navette spatiale », solution « d’avenir » désormais reléguée au passé, que ce soit aux USA, en Russie ou en Europe. L’entrée dans le XXIe siècle semble marquée par deux orientations possibles : la fusée réutilisable (au moins en partie) et l’avion spatial. Cette voie, si elle est relativement peu explorée par les autres nations ayant un programme aérospatial, semble susciter un intérêt certain dans l’astronautique chinoise.
Dans ce livre qui n’a rien de fantaisiste, Philippe Coué fait un état des lieux de l’actualité spatiale chinoise après en avoir narré les cheminements les plus récents. Parti de très loin (au début des années cinquante, la Chine était considérée comme « sous-développée »), doté d’un fonctionnement interne très particulier, l’ancien « Empire du Milieu », désormais très dynamique mais peu perméable, s’avère difficile à décoder.
Le mérite de Philippe Coué est double : il parvient à démêler un écheveau qui, vu de l’Occident, semble justifier l’expression « Orient compliqué » et à concocter un ouvrage ordonné et intelligible. Notons toutefois que si Dragons furieux est compréhensible pour le commun des mortels, il n’en est pas moins un livre de spécialiste, d’une densité certaine. Les efforts de vulgarisation de Philippe Coué ne sont pas négligeables : nombreux croquis et dessins de l’auteur, glossaire des acronymes, historiographie des engins chinois, etc. Ajoutons un « bon point » : les notes sont bien en bas de page et pas reléguées en fin d’ouvrage.
Dragons furieux est donc un ouvrage destiné aux amateurs d’astronautique, mais également aux curieux avides de savoir. En effet, les démarches technologiques évoquées dans ce livre à propos d’avions spatiaux, de propulsion, etc. ne concernent pas que la Chine et, en cette période de mutation des programmes astronautiques, il est bon de garder un œil sur les démarches qui peuvent être empruntées de par le monde en matière de voyage spatial.
Philippe Ballarini
214 pages, 13,5 x 21,5 cm, broché
0,277 kg