Mise en garde : cet ouvrage n’est pas à classer dans la littérature de hall d’aérogare. Il ne s’agit en aucune manière de l’un de ces livres destinés à procurer des frissons à quelque lecteur amateur d’émotions fortes. Imaginer telle démarche sous la plume de Jacques Noetinger serait mal connaître un auteur dont la passion jamais démentie pour l’histoire de l’aviation ne permettrait pas la gratuité d’une démarche sensationnaliste ou morbide. Pas plus un martyrologe des pilotes d’essais victimes de leur devoir, Drames et frayeurs aux essais en vol se veut avant tout une évocation de mésaventures (pas toujours fatales) survenues à des pilotes et à des équipages qui ont, par leur pratique, contribué à améliorer la sécurité des vols, ainsi que des enseignements qui en ont été tirés.
Le livre se présente sous la forme d’une sélection de soixante-quatre récits ordonnés non sous forme chronologique, mais regroupés en huit chapitres thématiques, où ces mésaventures ou accidents sont assemblés par « famille » en raison de leur nature (faiblesses de construction, des équipements, humaines, dépassement des limites…) Comme à l’accoutumée chez Jacques Noetinger, les textes sont concis mais sans froideur, l’auteur ne se limitant pas à la simple évocation technique. En fin de texte, chaque accident est succinctement commenté dans un paragraphe imprimé en gras, où l’auteur émet ses conclusions en se livrant parfois à un pertinent commentaire personnel. Notons que Jacques Noetinger a fait l’impasse, comme à regret, sur la période un peu folle des précurseurs et des pionniers, se limitant à dessein sur le demi-siècle allant de 1930 aux années 80.
On retrouvera quantité de noms bien connus des amateurs d’histoire de l’aviation, dont « Tito » Maulandi récemment disparu, Jean Boulet, Charles Goujon, Jean Sarrail, René Bigand… mais également une pléiade de pilotes « d’usine » ayant effectué les essais de petits monomoteurs de tourisme. Mémorial en hommage à certains camarades de l’auteur, ce livre l’est sans doute un peu, mais le résumer à ce seul aspect serait réducteur. Sans conteste un ouvrage enrichissant autant qu’intéressant, très accessible, par l’un des plus ardents chantres de l’aviation en général, et des ailes françaises en particulier.
Ce livre est enrichi de deux cahiers de photos en noir et blanc, chacun de seize pages sur papier couché, ainsi que d’un index des noms cités.
Philippe Ballarini
192 pages, 16 x 24 cm, couverture souple