Du trimoteur au quadrijet

Le transport aérien en Afrique noire francophone 1940-1961
Vital Ferry

Ouvrage épuisé

Du trimoteur au quadrijet retrace l’histoire aérienne de l’Afrique francophone de 1940 à 1961, où l’avion joua un rôle déterminant dans le développement économique et politique régional. Sans oublier Madagascar, Djibouti et le Congo belge, une grande partie du livre est consacrée aux Colonies d’Afrique Occidentale et Équatoriale françaises, séparées en 1940 par la guerre, puis réunifiées dans le camp allié avec l’arrivée des Américains en Afrique du Nord, avant l’accession à l’indépendance. Dans cette immensité, les quelques aéronefs vieillissants, opérant tant bien que mal au début des années quarante, laisseront place progressivement à de véritables avions de transport, opérant sur des lignes dont les compagnies aériennes se disputeront le monopole.

La montée en puissance du transport aérien en Afrique de l’Ouest est détaillée sous toutes ses formes : modernisation des avions, des infrastructures au sol (allongement et renforcement des pistes, hangars…) et des moyens radioélectriques de navigation, permettant d’augmenter le nombre de passagers, le volume de fret et de courrier, la sécurité aérienne, ainsi que la qualité des escales, en toutes conditions météorologiques. L’importance de l’aviation militaire y est également largement développée, ainsi que ses missions souvent confondues avec celles de l’aviation commerciale.

Les curieux pourront tout savoir sur les lignes sans cesse retracées et les appareils : itinéraires détaillés, fréquence des rotations, incidents et accidents, jusqu’aux immatriculations des avions et même parfois au nom du pilote.

Les compagnies françaises (Air France et Aéromaritime…) vécurent cette véritable saga en changeant parfois de nom (Lignes impériales…) et en se reconfigurant vers une certaine unification, au rythme des fortunes de guerre et de la réglementation. Sabena-Congo prit son envol et prospéra tandis que la Belgique tombait sous les forces de l’Axe. La vie quotidienne des flottes aériennes est détaillée selon les époques, qu’elles soient civiles ou militaires, françaises ou étrangères, internes au continent ou vers de plus lointaines destinations (Amérique du sud, du nord, Europe, Levant…). Lockheed C-60, Farman et autres appareils volent de Damas à Alger ou Diégo Suarez, de Pointe Noire à Libreville, avant que les Dakota ne remplacent les vieux Fokker de la Sabena, que ne règnent le DC-4, le DC-6, puis enfin les quadriréacteurs…

Après 1945, les lignes aériennes seront considérées par les pouvoirs publics français et les compagnies elles-mêmes comme « le système nerveux de l’Empire ». La montée en puissance d’Air France quasiment nationalisée, puisque société anonyme ayant seul l’État comme actionnaire, se heurtera aux compagnies privées possédant alors une flotte équivalente aux deux tiers de celle de la compagnie nationale. Ce sera le début d’une véritable lutte sur ce champ clos africain où l’État sert mollement d’arbitre en délivrant les autorisations d’exploitation « à titre précaire et révocable » et les éventuelles subventions.

C’est la compagnie de Transports Aériens Intercontinentaux TAI, privée, qui posera le premier quadrimoteur DC-4 en Afrique noire, à Abidjan en 1947, avant qu’une certaine « coordination » avec Air France n’enterre la hache de guerre en faisant place à de nouveaux acteurs et de nouvelles filiales (Chargeurs réunis, UAT, Aéro-Africaine, Aigle Azur…).

Les flottes aériennes se modernisent passant du DC-6 aux jets dont le Comet de sinistre mémoire (interdit de vol suite à une série d’accidents). Des petites compagnies locales naissent avec plus ou moins de bonheur au Gabon, au Cameroun, à Djibouti. Air Afrique, compagnie multinationale chapeautée par la France, décolle avec l’indépendance des états africains. L’ASECNA, multinationale elle aussi (Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar), est crée en 1959 pour la gestion des infrastructures de la navigation aérienne.

Ce livre très complet sur le transport aérien en Afrique, à un moment charnière de l’histoire du continent, passionnera les amoureux de ces grands espaces dont doit assurément faire partie Vital Ferry. Son travail méticuleux d’historien mérite absolument d’être salué. De nombreuses photos et illustrations rendent ce livre passionnant accessible à tous et donnent au récit toute sa clarté.

Ce volume est à rapprocher de Ciels impériaux africains 1911-1940 et de Croix de Lorraine et Croix du Sud 1940-1942.

R. Feeser


256 pages, 145 x 220 mm, couverture souple

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Éditions du Gerfaut

ISBN : 2-35191-007-9

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