La Seconde Guerre mondiale avait été, chez les principaux belligérants, un puissant « catalyseur de technologies ». Bien que des recherches y aient continué dans la clandestinité sous l’Occupation, la France accusait après la guerre un important retard dans tous les domaines, le vaincu de 1940 se heurtant de plus à une évidente mauvaise volonté des autres Alliés dans la « chasse aux armes secrètes allemandes ».
La volonté (en particulier « gaullienne ») de permettre à la France de prétendre à nouveau à un rôle amena à se préoccuper, avant même la chute complète du IIIe Reich, d’une appropriation de technologies allemandes en matière de fusées, à l’instar des Soviétiques et des Américains. Cette démarche de modernisation, qui sera renforcée par la politique stratégique de la dissuasion nucléaire et la nécessité de disposer d’un vecteur, mènera aux premières réponses françaises aux succès des deux « grands » : les fusées Vesta et Véronique.
À l’heure où plus personne ne s’émeut du lancement réussi d’une fusée Ariane, il était intéressant de se pencher sur le cheminement complexe qui mena de la « course aux fusées » dans une Allemagne en cours d’effondrement, à Vernon, Suippes, Colomb-Béchar, Hammaguir et enfin Kourou.
Le terme « thèse de doctorat », origine de cet ouvrage, s’il peut a priori rebuter, n’en est pas moins gage de sérieux et de recherches approfondies. Cette étude, orientée vers l’apport technologique allemand à l’industrie d’armement française, n’a rien de l’aridité que l’on pourrait redouter. Partant des prémices, en l’occurrence de la fusée A4 (V2) dont l’histoire est ici amplement développée, et accessoirement des Fi 103 (V1) et autres Ruhrstahl X-4 ou Henschel Hs 293, Olivier Huwart débroussaille et arpente pas à pas les différents chemins qui, d’échecs et impasses, mèneront aux premiers succès français, en particulier la fusée Diamant. Amplement illustré de document souvent inédits, enrichi d’intéressantes annexes, ce livre magistral est de ceux qui feront date : remarquable autant que passionnant.
Philippe Ballarini
190 pages, 19,5 x 26,5 cm, couverture rigide.
– Préface de Roland Hautefeuille.