Le général Michel Forget raconte une épopée militaire de trente ans, des années 50 à la fin des années 80, celle de la modernisation de l’aviation de chasse, des premiers avions à réaction Vampire jusqu’aux fameux Mirage bisoniques. Acteur de cette période, il témoigne de l’étonnante montée en puissance d’une nouvelle aviation de combat, sans précédent en qualité et en nombre, tournant définitivement la page des glorieux Spitfire. Ce véritable bond en avant vers plus moderne et plus puissant, contemporain de la Guerre froide, occasionna de grands bouleversements en tous domaines (équipements, armements, moteurs, organisations, maintenance, doctrine d’emploi…) et sollicita rudement les personnels de l’Armée de l’air, auxquels il rend hommage.
Tout commence en 1950, à Mont-de-Marsan avec le Vampire britannique. Bipoutre aux lignes pures, il ouvre l’accès aux hautes altitudes (12000 mètres) où il règne sans partage. Campagnes de tir, exercices et manœuvres, entraînements au combat, vont jusqu’aux limites, contraints par les conditions météo et les guidages d’approche dépourvus de radars. Une activité démonstrative (défilés, acrobaties) valorise la chasse aux yeux du grand public.
Au milieu des années cinquante, l’aviation de chasse atteint un maximum de 850 appareils, avions américains (F-84, F-86, F-100) ou français (Ouragan, Mystère, Vautour, SMB2). La moitié des escadres intégrées à l’Otan donnent le tempo : délais de réaction très courts et haut niveau de technicité. Tandis que l’identification et le guidage radar se modernisent, la “sécurité des vols” est créée ainsi qu’un centre d’entraînement au vol sans visibilité sur T-33. Outre l’adaptation continue à l’arrivée de nouveaux appareils à un rythme effréné, les unités sont confrontées à des problèmes d’encadrement et de formation des jeunes pilotes, tandis que la guerre d’Algérie et ses escadrilles de T-6, Mistral, Skyraiders monopolisent une part des effectifs.
À partir de 1956, le Mirage III C, premier avion de chasse tout temps supersonique, est lancé. La création en 1964 d’une force de dissuasion nucléaire requiert surveillance du ciel et évaluation de la menace dont cet intercepteur est la pièce maîtresse. Dès 1961, Dijon et la 2e escadre de chasse essuient les plâtres de la mise en service de cet avion remarquable mais aux nombreux problèmes de jeunesse. C’est le premier d’une longue lignée de chasseurs dont le célèbre Mirage IIIE emportera la bombe nucléaire tactique.
En 1983 arrivent les premiers Mirage 2000C, développant bientôt des capacités de tir vers le bas (2000-RDI) puis sur plusieurs cibles (2000-5). La Force aérienne tactique, forte de plus de 300 appareils, est en pleine maturité. Le ravitaillement en vol donne aux appareils l’allonge nécessaire. Plus tard, l’Awacs, radar volant gérant tout un espace d’opérations, accroît capacités et domaine d’action.
Le livre du Général Forget décrit de façon passionnante son parcours exceptionnel de pilote de chasse voué à une arme dont il fut l’un des rénovateurs. On comprend sa fierté d’avoir participé intimement à la modernisation de cet outil de combat, de la mise en service des premiers avions à réaction, dont il dit tout par de nombreuses anecdotes, jusqu’à leurs dernières évolutions. De simple officier pilote aux plus hauts postes de commandement, à la tête de ses troupes pour faire face aux nombreuses difficultés, il nous livre ses souvenirs avec la hauteur de vue de ceux qui eurent le privilège de flirter avec les très hautes altitudes, propulsés par le moteur fusée de leur puissant Mirage, serrés dans un “habit de lumière”.
À lire absolument !
Richard Feeser
– Préface du Général Stéphane Abrial, Chef d’Etat-Major de l’Armée de l’air
– 190 pages, format 240X154mm, couverture souple, 36 photos et illustrations