Ce livre n’est pas un pur livre d’aviation, à l’instar du premier ouvrage de l’auteur, paru en 2020, les hommes du groupe de chasse I/8 1936-1942, mais en constitue à bien des égards un épilogue. Ce n’est pas non plus une biographie complète du pilote de chasse et commandant de groupe Pierre Colin, mais la relation des quatre dernières années de sa vie, de la fin de la campagne de France en juin 1940, à sa mort en février 1944, fusillé par les Allemands pour actes de résistance.
D’aviation il est question bien sur, car le commandant Pierre Colin est resté à la tête du G.C. I/8 pendant encore une année après la débâcle de 1940, et son entourage professionnel était lié à l’aviation, et une partie de ses contacts clandestins ont été puisés dans son parcours aéronautique.
Benoit Colin, petit-fils du commandant et résistant, retrace ici au mieux ces années, et particulièrement tente de comprendre l’état d’esprit, les motivations, les pensées de ce grand-père qu’il n’a évidemment jamais connu. Il s’est appuyé pour cela sur une sérieuse recherche, au-delà du cercle familial, ce qui l’aurait risqué de l’amener à l’hagiographie d’un héros familial. Des notes de bas de page confirment la source d’une information, d’un témoignage, et les sources en fin d’ouvrage sont précises jusqu’à la côte du document consulté. Par endroit, l’auteur précise ce qu’il suppose, pour des détails, mais toujours cela reste plausible, et permet une bonne lisibilité de l’ensemble.
S’agissant surtout d’un texte, les 45 illustrations sont surtout là pour mettre des visages sur des noms. Il s’agit pour l’essentiel de photographies d’identité, insérées au fil de l’eau dans le texte, lorsqu’une personne est évoquée pour la première fois, ce qui est très utile. Tout au plus aurait-on apprécié un encart central avec un papier de qualité supérieure, pour mettre encore plus en valeur juste quelques uns de ces documents, comme une fausse carte d’identité, ou la dernière lettre du commandant Colin, reproduite trop petite.
L’écriture est fluide, simple et sobre, le récit est classiquement structure en chapitres chronologiques et s’achève sur un épilogue bienvenu, les annexes, sources et bibliographie. On ne déplore que quelques coquilles. L’avant-propos de Benoit Colin explique sa méthode, on y devine son émotion à l’écoute d’une bande-son à l’INA sur laquelle il découvre la voix de son grand-père. Il s’achève sur la raison d’être de cet ouvrage : « Ce livre… pour ne pas les oublier… »
Jocelyn Leclercq
226 pages, 15 x 21 cm, 330 grammes, couverture souple