« Tu es devenu un monstre ! Tu ressembles de plus en plus à ton traître de père ! » Il faut dire que quand Joe parle à son cousin James, c’est Hans qui l’entend : le pilote de Fw 190 occupe le corps de son ennemi qui volait sur B-17. Et si l’enfermement du fier Aryen dans la peau d’un petit Yankee brun a changé quelque chose, c’est pour le rendre encore plus violent, cynique et déterminé. Décidé à récupérer son corps et sa vie, il ne laissera rien se mettre sur la route qui doit le mener à Sailosi, ancien compagnon de son père dans les tranchées, qui semble lié à cet échange…
Le troisième Eagle poursuit les histoires du deuxième volume : le « héros », envoyé en Afrique après ses frasques anglaises, met un point d’honneur à se faire haïr partout où il passe, tandis que le père O’Brady persiste dans ses manigances arrivistes auprès des forces de l’Axe. La transition qui mène à l’acte final est un peu brutale : en une demi-planche, nous voilà transportés de la Tunisie à la Nouvelle-Calédonie. En dehors de ce détail, le rythme est bien géré, avec une alternance entre scènes d’action aérées et dialogues tendus d’hostilité, où Wallace nous montre efficacement le caractère odieux de son personnage.
Il était inévitable que Hans et James se retrouvent un jour. La scène est donc présente dans les deux albums, avec des styles bien différents.
La réunion des deux séries dans les dernières planches se traduit par une double narration de la même scène, avec un point de vue différent entre Adler et Eagle ; celle-ci est un poil verbeuse, mais elle répond largement aux questions jusque là laissées en suspens, permettant aux 3+3 tomes de former un tout cohérent. Wallace et Buendia ont cependant évité la conclusion absolue et se sont ménagé une ouverture vers un deuxième cycle, qui devrait paraître ultérieurement.
On ne présente plus les peintures de Julien Camp : élégant, ultra-réaliste et d’une précision chirurgicale sur le technique, il est aussi plutôt expressif et offre un joli relief sur les visages. La mise en page des portions narratives est parfois un peu chargée, mais les scènes aériennes sont limpides et les amateurs de beaux avions seront ravis.
Dans l’ensemble, l’album est donc entraînant et il apporte une conclusion réussie à la partie américaine du premier cycle de L’aigle à deux têtes. En attendant de voir où nous mènera la suite annoncée, les six tomes parus forment en tout cas un ensemble complet, à même de séduire les amateurs d’aventures fantastiques dans un univers historique.
Franck Mée
48 pages, 24 x 32 cm, relié
0,600 kg
– Les albums de la collection « L’aigle à deux têtes »
Avec l’aimable autorisation des
© Éditions Zéphyr
Avec l’aimable autorisation des
© Éditions Zéphyr