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Édouard Serre et l’aviation commerciale :

– La radionavigation
– L’Aéropostale
– Air France
Hubert Reine

Édouard Serre, ingénieur des écoles Polytechnique et Supélec, pilote et figure importante de l’aviation commerciale française de l’entre-deux-guerres, est surtout connu dans l’histoire de l’aéronautique par la mésaventure vécue avec Marcel Reine entre juin et octobre 1928, 117 jours de captivité chez les Maures, marqués par les privations et la maltraitance.

Hubert Reine lui consacre un ouvrage en cette fin d’année 2023. On suppose qu’il y a un lien de parenté entre les Reine, Marcel et Hubert, mais cela n’est pas expliqué dans le livre. Au premier coup d’œil ce travail est à la fois intriguant, avec son inhabituel titre « à tirets », et impressionnant par l’épaisseur que lui confèrent ses 660 pages. En y plongeant, on réalise que c’est la présence de très nombreux documents et d’une centaine de pages d’annexes qui contribuent à ce dense remplissage.

Le traitement du texte est également étrange, un peu comme une dissertation scolaire déstructurée, avec d’incessantes digressions. Si c’était vraiment un exposé scolaire, on imagine que le correcteur aurait de nombreuses remarques à émettre. Des propositions de relecture et de correction des coquilles seraient certainement prodiguées, ainsi qu’un conseil plus général de se tenir loin d’une présentation « wikipédiesque » (1). Des recommandations seraient également formulées quant à la pagination, à la typographie (constance du choix de police d’écriture, évitement des caractères gras), à la suppression des redites (2) ou à la concordance des temps. Et enfin, une attention serait recommandée quant à l’écriture des noms d’avions et de leurs constructeurs (3) ou aux anachronismes (4).

Le chapitre 7 est dédié à l’histoire de l’Aéropostale, de ses heurs et surtout de ses malheurs. Le point d’orgue, à nos yeux d’aérophiles, est bien entendu la mésaventure de la captivité chez les Maures, retracée ici sur 38 pages.

C’est là qu’on réalise bien que ce livre est un travail de passionné. Le lecteur sera simplement surpris par la forme. Le fond, quant à lui, peut servir de matériau de recherches pour d’autres aficionados de cette époque, et en particulier de la vie et de l’œuvre d’Édouard Serre. L’ouvrage sera donc principalement recommandé à ce type de chercheurs.

Jean-Noël Violette

Notes :
1) On trouve ici une structure de type « arbre de connaissance », où l’explication d’une nouvelle notion, la présentation d’un nouveau personnage entraînent dans le texte lui-même une digression, parfois de plusieurs pages, un peu comme sur un site Web où cliquer sur un mot en surbrillance fait déboucher sur une nouvelle page, nous entraînant parfois loin du sujet initial. C’est surtout marqué dans le premier tiers du livre, et l’on visite ainsi Naucelle, sa tour du XIe siècle, le lycée d’Aurillac, les dons à son bureau de bienfaisance, le lycée Fermat de Toulouse, les institutions militaires de Clermont-Ferrand, Supélec et son fondateur Eleuthère Massart en 1888, l’empreinte du général Ferrié dans cette école, la TSF et les liaisons hertziennes en France (Ducretet, Hertz, Branly, Popov, Lucien Lévy et son récepteur superhétérodyne, les naufrages du Republic et du Titanic), et ainsi de suite…
On remarque d’ailleurs en référence un lien Wiki page 85.

2) On note par exemple la même citation de N.Tesla pages 68 et 82.

3) « Salmson » et non pas « Samson » page 118 ;
«  Breguet » et non pas « Bréguet » pages 166, 175, 185, 209, 434 et 564 ;
« Dornier Wall » et non pas « Darnier Wall » page 248.

4) Lucien Bossoutrot, page 395, n’a pas pu, quand il était « un brillant pilote de chasse » pendant la Première Guerre mondiale, rencontrer Jean Mermoz. Ce dernier, né en 1901 et lycéen pendant la guerre, n’a contracté un engagement comme pilote qu’en 1920.


660 pages, 17×22 cm, broché, couverture souple

En bref

ISBN 9782322473892

Edition : Books on Demand

24,35 €