Dans la droite ligne éditoriale de la maison JPO, Eject ! Eject ! Eject ! évoque comme le précise le sous-titre quarante moments de vie, de survie même devrait-on dire, que des pilotes de combat français doivent à l’usage du siège éjectable. En cela, le livre n’est pas un manuel détaillé, historique et technique, de l’évolution du siège éjectable à travers le temps.
Jean-Marc Tanguy a structuré son ouvrage en six parties, thématiquement : « Éjectés en zone de guerre », « Éjections en mer », « Éjections sur panne », « Oiseau de métal contre oiseau de chair et d’os », « Collisions en vol », « Ce n’était pas le jour ». Ces parties sont plutôt équilibrées en termes de pagination. Autant que possible, l’auteur laisse la plume aux éjectés et certains chapitres sont presque entièrement à la première personne. Le lecteur peut ainsi se sentir plus impliqué dans le récit. De fait, chaque survivant ayant sa propre histoire, son rapport personnel à l’événement et son propre style pour le raconter, cela fait du livre un assemblage hétéroclite mais néanmoins plaisant à lire. Le langage militaire et aéro, parfois proche du jargon, est heureusement souvent expliqué par des notes de bas de page, que même les « moustachus » apprécieront parfois.
Un petit cahier d’illustrations en noir & blanc et en couleur est inséré au milieu du livre, et clairement c’est un peu chiche. De même, aucune source ou bibliographie ne sont mentionnées.
Le livre est globalement très plaisant à lire ; on peut regretter certains mots manquants qui ont échappé à la relecture, des passages manquant de clarté, des identifications ou affirmations un peu hasardeuses*, et l’anonymat relatif de la majorité des éjectés, connus par leurs prénoms. Cela peut se comprendre pour des faits très récents et pour des personnels toujours en service dans les forces armées, mais pour des éjections survenues il y a 40 ans ou plus ? D’autant que d’autres aviateurs sont clairement identifiés, comme Jean-Marc Girbe, ancien de la PAF, et qu’il peut se révéler facile via des publications spécialisées ou Internet d’identifier ces pilotes ou NOSA*. J’ai également été surpris de n’y trouver aucune évocation du général Alain Brossier, trois éjections et auteur du livre Virages en persienne, alors que Jean-Marc Tanguy consacre plusieurs pages à des doubles éjectés.
Jocelyn Leclercq
* par exemple l’illustration d’un Mirage IIIC identifié comme étant un IIIE, une « éjection » d’un Fouga… là où le mot « évacuation » aurait été nettement plus opportun.
** NOSA : Navigateur Officier Systèmes d’Armes, fonction que l’on trouve sur les Mirage 2000N et 2000D.
291 pages, 15,3 x 24 cm, couverture souple
0,480 kg
Collection Histoires authentiques