Ouvrage épuisé
Il arrive parfois que l’un de ces vaillants pilotes de chasse, aussi « chevaliers du ciel », veuille nous faire partager sa passion en se mettant à la portée de ceux, si nombreux, qui auraient aimé l’être.
Pierre Grand’Eury a fait ce louable effort et nous livre sa vie de pilote de chasse sur un plateau d’argent. Son livre Embruns d’étoiles nous propose rien de moins que de flirter avec les filets d’air dans des barriques étourdissantes, quand le soleil tournoie autour du cockpit d’un pilote de chasse aux anges. Cette voltige guerrière jusqu’à Mach 2, sur tous les appareils de première ligne de l’Armée de l’Air de ces quarante dernières années, passe de l’Ouragan au Mirage III-E : un sacré parcours avec F-100 et F84-F au programme !
C’est une fête lorsque le leader de la Patrouille de France sur Fouga Magister Pierre Grand’Eury trace en fumigènes tricolores dans le ciel bleu azur sa fierté d’être français.
C’est une douleur aussi, car le métier est plein de pièges. Le voile noir et sa terrible syncope sont parfois au rendez-vous si le Vampire échappe à son pilote. La mort rode lorsque la mitraille monte du sol vers ce T-6 jaune et son courageux pilote, plusieurs fois atteint au cours des missions d’appui-feu en Algérie.
La guerre d’Algérie, qui tient une bonne place dans le récit, est décrite depuis la cabine de ce petit avion américain si peu maniable, avec les regrets de celui qui aurait préféré montrer la force plutôt que de s’en servir. C’est aussi l’occasion de saluer tous ses frères d’armes dont « l’âme a ricoché sur une injuste terre. »
L’escadrille Lafayette des « Sioux » dont il fut l’un des « grands chefs » et celle des « Canards » sont très présentes avec leurs traditions où l’humour et la malice ne donnent pas grand chance au nouvel arrivant. Très vite la fraternité et l’esprit d’équipe deviennent leur bien commun.
Amusé par les nombreuses anecdotes montrant l’ambiance de nos escadrons de chasse et étonné par la technicité de certains vols de jour et de nuit, on sentira l’odeur d’essence et d’huile chaude des avions à hélice et les frissons d’un survol à très basse altitude aux commandes d’un Mirage III-E lancé à grande vitesse.
Comment ne pas partager les battements de cœur du débutant lors du premier vol à l’École des Pupilles de l’Air sur Piper, véritable entrée dans ce rêve absolu qu’est celui de voler ? Comment ne pas suivre la progression du pilote à l’École de l’Air, puis en unité opérationnelle et ses exploits de chef de patrouille ? Il invite parfois à un autre voyage d’auteur, quelques insertions poétiques où chantent son cœur et sa sensibilité touchante. Pierre Grand’Eury a été plusieurs fois couronné au cercle des poètes.
Merci à lui d’avoir si justement ciselé le récit de sa belle vie de pilote de chasse dont on ne peut que conseiller la lecture pour une agréable découverte d’un métier si bien décrit.
R. Feeser
268 pages, 160 x 230 mm, couverture souple
– Prix du Livre Aéronautique Vieilles Tiges – Vieilles Racines 2004/2005