En 1908, Henri Farman bouclait le premier vol d’un kilomètre en circuit fermé. Une cinquantaine d’années plus tard, une fusée propulsait dans l’espace le premier satellite artificiel de la Terre, Spoutnik 1. Ces deux événements avaient eu dans le monde entier un vaste retentissement, marquant chacun le début d’une nouvelle technologie. Et voilà que maintenant, alors que le vol aérien est devenu d’une totale banalité, plus guère de monde ne se précipite vers sa source d’informations préférée pour suivre le décollage d’un lanceur, fût-ce à destination de Mars, de Vénus ou des confins de la galaxie. Et pourtant, à peine plus d’un demi-siècle s’est écoulé depuis le voyage épique de Youri Gagarine et celui de John Glenn. Depuis, les missions spatiales se succèdent à un rythme soutenu, avec une grande variété, allant du désormais banal lancement de satellite terrestre à l’envoi d’une sonde sur l’une des lunes de Saturne ou la collecte d’informations sur une comète de passage.
Mais alors que l’identification d’avions ou d’hélicoptères est une activité répandue, que tout un chacun sait identifier un Spitfire ou un Airbus A380, c’est une autre histoire en ce qui concerne les lanceurs et les engins spatiaux. À de rares exceptions près, comme les navettes de la NASA ou la station ISS, l’aspect du matériel spatial est rarement très connu du grand public, et pour cause ! Le plus souvent, ces machines quittent rapidement le sol terrestre et disparaissent du regard des Terriens.
Ce livre ne se prétend pas exhaustif ; le fait que l’auteur se soit montré sélectif a permis que chacun des appareils évoqués le soit de façon détaillée. À ce sujet, on remarquera que cet ouvrage d’origine états-unienne n’est pas entaché du chauvinisme exacerbé dont souffrent nombre de ses semblables.
L’organisation du livre est convaincante : trois grandes périodes (1957-1977, 1977-1997, 1997-2018), chacune subdivisée en sous-chapitres (Les capsules, les avions-fusées, les modules atterrisseurs*, les stations spatiales, les engins robotisés), dans lesquels nous sont présentés un par un les appareils concernés. L’auteur précise en fin de son introduction « Engins spatiaux rend compte également du contexte international de la conquête spatiale durant les six dernières décennies ». Non seulement c’est exact, mais c’est l’un des attraits de l’ouvrage qui ne se limite surtout pas à des considérations purement techniques, ce qui en fait un de ses intérêts majeurs. Si chaque engin est détaillé en ce qui concerne sa configuration, l’accent est mis sur sa genèse, son développement et son utilisation, en situant ceux-ci dans le contexte historique, qu’il soit national ou international. Adressons un satisfecit à Maryse Pelletier, la traductrice. L’ouvrage, initialement publié en anglais chez Quarto (USA) est rédigé en français bel et bon, parfaitement intelligible, et nous n’avons relevé aucune incongruité dans la traduction, ce qui n’est pas si fréquent.
Un autre point fort de ce livre : les remarquables illustrations de Giuseppe di Chiara, essentiellement des plans « trois-vues »… en couleur ! La finesse du trait et du détail est au rendez-vous, dans un agréable mariage entre technologie et esthétique. Nous n’avons pas eu le courage de faire le décompte exact des illustrations, mais nous n’avons pas trouvé de double page qui ne contienne que du texte. Plutôt qu’une longue description, nous vous proposons quelques exemples en fin d’article*. On notera également la présence de très belles photographies.
Un ouvrage particulièrement réussi, tant dans la forme que dans le fond. Décidément, l’éditeur ETAI, qui avait il y a quelque temps boudé le domaine aérospatial, y effectue actuellement un parcours sans faute.
Philippe Ballarini
224 pages, 23,5 x 27,6 cm, relié + jaquette
1,356 kg
* les modules atterrisseurs : dans le premier chapitre uniquement.
Avec l’aimable autorisation de © ETAI
Avec l’aimable autorisation de © ETAI