Avec sa société Centrair, Marc Ranjon a fait partie, dans les années 70 et 80, des incontournables du PAF, le paysage aéronautique français. À ses côtés, fidèle comme une ombre, son épouse Geneviève n’était jamais de reste et on voyait rarement l’un sans l’autre. À près de 80 ans, Monsieur étant toujours très occupé par ses fonctions d’expert pour les accidents aériens et par d’autres travaux d’édition, c’est Madame qui vient nous raconter leur « envolée à deux » commencée par un très romanesque enlèvement, où un planeur remplace le destrier des romans courtois.
« Lui et moi, nous avons pensé que ce livre qui est le nôtre devait être écrit par nous et non pas par un tiers quand bien même son talent épistolaire serait supérieur au nôtre » nous affirme Geneviève Mondran-Ranjon et on ne peut que constater que c’est un choix courageux. Bien entendu une plume plus professionnelle aurait-elle certainement été plus pointue, corrigeant quelques erreurs et fautes résiduelles, utilisant avec plus de rigueur les temps de narration, évitant un récit parfois hagiographique, filtrant le côté règlement de compte de certains passages ou atténuant la couleur « soumission au machisme et au patriarcat » d’autres moments. Mais cela aurait gommé ce qui apparaît surtout comme spontané, parfois candide, mais toujours proche d’un cri du cœur.
Les personnages interviennent pour la plupart derrière l’anonymat d’un prénom, pour les amis, ou simplement de leurs initiales quand ils n’ont pas le beau rôle. Mais tous ceux qui ont connu cette époque sauront mettre un visage et un nom sur chaque intervenant, puis sourire en trouvant en fin d’ouvrage mentionné très sérieusement « Toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite et indépendante de ma volonté », ce qui n’est pas courant pour une biographie/autobiographie.
Pour le plaisir, il convient de mentionner la description de l’arrivée de Marc Ranjon, alors pilote de l’Aéronautique navale, sur la base d’Ajaccio, dans sa 2 CV rouge avec, sur la galerie, un petit voilier Vaurien, digne d’un Laverdure ou d’un Sonny Tuckson.
Les photos, et des reproductions de coupures de presse, sont regroupées dans un cahier en fin d’ouvrage. Certains clichés sont pertinents, d’autres plus génériques et de provenance non identifiée, sont juste là pour illustrer des noms de modèles d’avions et de planeurs cités.
Au delà du cercle familial auquel il était initialement destiné, ce livre sera surtout apprécié des vélivoles français, qui comprendront enfin un peu mieux pourquoi « leur » constructeur de planeurs dans les années 80 a un jour arrêté de s’occuper de ce secteur. Il est plus facile de faire son deuil quand on a toutes les explications…
Jean-Noël Violette
248 pages, 15, 5 x 22,5 cm, broché
cahier 32 pages photos
0,732 kg