Géologue des Houillères de Lorraine, peintre surréaliste, voilà des activités qui ne prédisposent guère à la peinture aéronautique. On a pourtant, à l’ouverture de Envolées majestueuses, la nette impression d’avoir affaire à un « vieux routier » de la peinture aéro.
Autant ne pas vous faire languir : ce livre est superbe. Et à ce premier livre d’art de la jeune maison Revasion, on ne peut que tirer son chapeau. David Voileaux a su s’effacer pour présenter brièvement les tableaux de Bernard Lengert, mais également pour mettre en page ces œuvres séduisantes.
De toute évidence, Bernard Lengert est un doux. Les avions de guerre sont présents, mais ne crachent pas de flammes rageuses. Des rares scènes de combat présentes dans ce livre, on ne voit que l’instant d’avant ou celui d’après. Les peintres d’aviation sont le plus souvent très talentueux pour représenter les machines volantes, mais butent parfois sur l’arrière-plan ou la mise en scène. Chez Bernard Lengert, l’ambiance et la lumière de la scène ont la même importance que l’avion lui-même. Chaque tableau semble raconter le fragment d’une histoire dont on attendrait la suite. Ici, un Breguet 14 des Lignes Latécoère semble suspendu dans les airs aux approches de Cap Juby, dans le calme tiède d’une fin de journée. Là, c’est un Spad XIII qui fond sur sa proie. Plus loin, des paysannes indochinoises suspendent leur travail pour suivre des yeux le C-47 du « Béarn » qui survole leur rizière aux approches de Luang Prabang juste avant l’orage. Des personnages sont souvent présents, qui ont arrêté leur Vespa, Renault 4 CV ou Simca P60, comme d’autres pendant la Grande Guerre ont quitté des yeux leurs bœufs et le soc de leur charrue pour suivre du regard le Caudron G3 qui s’éloigne vers le village tout proche. Le capitaine Trouillard, aux commandes de son MS 406, fera-t-il un signe de la main aux deux paysans qui le regardent passer ?
Un maître mot : l’ambiance. Que ce soit dans les steppes russes, dans les Andes, en Écosse, en Indochine ou dans la campagne française, il émane de chaque tableau un climat puissant qui lui est propre. Autant les Breguet 693 volant en rase-mottes donnent une impression de vitesse bruyante, avec ce « filé » de l’arrière-plan cher aux photographes (et présent sur la couverture), autant du MS 406 de la page en regard émane une ambiance apaisante et rassurante. De même, si les Super Mystère SMB2 occupent toute leur toile, le De Havilland Dragon rapide semble entr’aperçu dans une trouée du feuillage d’une jungle qui occupe la plus grande part du tableau, guidant l’œil vers l’avion.
Précision du coup de pinceau pour ces huiles sur toile à la réalisation méticuleuse, remarquable équilibre des compositions, variété des « mises en scène », maîtrise des lumières… mais peut-être les quelques aperçus graphiques ci-dessous vaudront bien mieux que des bavardages.
En tout cas un « sans faute » pour ce premier livre d’art de chez Revasion, un « Art Book 1 » auquel nous souhaitons un succès mérité… qui permettrait d’envisager une descendance nombreuse.
Philippe Ballarini
92 pages, 24 x 32 cm, relié
Avec l’aimable autorisation de
© Revasion – Reproduction interdite
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