Le succès de la collection Erreurs de pilotage ne se dément pas. Le lecteur, placé au cœur de l’action, participe à toutes les phases du vol : présentation de l’équipage, chargement des bagages, météo, visite pré-vol, embarquement des passagers, ambiance en cabine, etc. Puis, au cours du récit, un détail relevé par l’auteur nous fait soudain soupçonner que tout ne va pas se passer comme prévu. La tension monte progressivement, la météo se dégrade, le niveau de carburant baisse, l’équipage ne réagit pas correctement, etc., tout s’enchaîne de plus en plus rapidement jusqu’à la catastrophe redoutée.
Ces aventures aéronautiques sont écrites en mode thriller et pourtant, ce sont des histoires vraies, narrées avec une précision chirurgicale par l’auteur, construites d’après d’innombrables rapports d’accidents. Les défaillances techniques peuvent, parfois, entrainer des catastrophes aériennes mais les erreurs humaines sont, souvent, à l’origine d’une majorité d’accidents. Dans ce tome 12, Jean-Pierre Otelli en donne, encore une fois, la preuve et décortique six accidents dont les causes sont différentes.
– Un commandant de bord, pressé d’aller assister à un match de football, s’obstine, pour gagner quelques minutes, à poursuivre une approche très mal engagée et commet l’irréparable.
– Dans une compagnie aérienne de premier plan, un commandant de bord et un copilote se retrouvent aux commandes d’un 747-400 pratiquement neuf dont ils ne maîtrisent pas tous les nouveaux systèmes. Résultat : avec des conditions météo quasi parfaites, l’atterrissage, mal préparé et mal conduit, se termine par un bain dans le lagon de Tahiti. Pas de victimes mais un avion dont la remise en état de vol exigera de longs mois de travail.
– Dans le troisième cas, aucune ambiguïté : dès le début du récit, on sait que le vol va à la catastrophe. On a peine à croire qu’un équipage puisse décoller en sachant qu’ils n’a pas les réserves de carburant réglementaires.
– Un commandant de bord avec un casier judiciaire, un mauvais dossier professionnel, un carnet de vol falsifié associé à un copilote dont le niveau de pilotage est faible. Un pitoyable scénario pour un film de série B ? Non, une triste réalité qui fera huit victimes dont un sénateur qui aurait pu être candidat à une élection présidentielle et une presse qui crie au complot.
– Une compagnie en difficulté financière, une maintenance parfois approximative, un commandant de bord qui, pour faire un atterrissage court et gagner du temps à l’escale, freine l’avion de manière insensée en très courte finale : crash inévitable et plusieurs passagers qui passent de vie à trépas.
– Un vieux quadriréacteur part à destination de New York avec tout le carburant nécessaire mais les retards et les mises en attente s’enchaînent. L’équipage remarque tardivement que le niveau de carburant est passé sous le seuil critique mais ne fait pas le nécessaire pour obtenir, des contrôleurs au sol, une priorité à l’atterrissage. L’avion termine en vol plané dans une zone résidentielle de Long Island.
Le style est limpide, l’écriture fluide, agréable et précise. Les notes, très utiles, en pied de page, sont faciles à consulter et ne gênent pas la lecture. Initiative heureuse ; l’auteur cite toutes ses sources et donne également, quand ils existent, les liens vers les enregistrements radio entre contrôleurs et pilotes. Difficile de rendre ses récits plus vivants. Un regret ? Un seul : que six cas seulement soient examinés dans ce tome.
Roland Françon
324 pages, 15,3 x 24 cm, broché
0,485 kg