Vous êtes ici : Beaux livres & albums

Escale

Sur les routes du ciel, de Latécoère à Air France

Martine Laporte

26 décembre 2018

Philippe Ballarini

Coup de cœur 2018

Vous êtes en quête d’un beau livre à offrir (ou à vous offrir) ? Ne cherchez plus : vous l’avez trouvé.
1918 : cette date marque la fin du conflit terrible qui, pour la première fois, mit la planète entière à feu et à sang. Mais elle signale également un événement qui, sous des aspects discrets, est à distinguer d’une pierre blanche dans l’Histoire de l’aviation ; le 25 décembre 1918, le pilote René Cornemont emmenait d’un coup d’aile l’industriel Pierre-Georges Latécoère de Toulouse à Barcelone à bord d’un biplan militaire Salmson 2-A2. Un embryon de ligne qui mènera loin. Cent ans plus tard, ce vol peut faire sourire. Mais il y a un siècle, c’était du registre du déraisonnable (n’oublions pas qu’entre Toulouse et l’Espagne les Pyrénées étaient déjà là) : l’aviation n’avait que quinze ans ! Il convenait de fêter dignement ce centenaire : voilà qui est fait, et de bien belle manière, par Martine Laporte et l’éditeur Michel Lafon.

Les amateurs éclairés d’histoire de l’aviation le savent bien : le thème abordé ici est piégé et sujet à bien des tiraillements et querelles. Ouf ! Martine Laporte a su éviter les traquenards et autres chausse-trapes. Entendons-nous bien : si ce (superbe) ouvrage paraît en 2018, c’est bien essentiellement pour célébrer le centenaire de la naissance des Lignes Latécoère. Aussi, si le sous-titre précise « Sur les routes du ciel, de Latécoère à Air France », le livre est essentiellement consacré à « La Ligne », à son initiateur et à ses acteurs : l’Aéropostale de Marcel Bouilloux-Lafont et la compagnie Air France de 1933 (la première) n’étant présentées que dans environ un quart de l’ouvrage. On voyait mal ce beau livre s’arrêter en 1927 ou en 1933.

Autre détail : le titre. Il a sans doute fallu une bouillante séance de « brain storming » pour en trouver un qui soit à la fois attrayant, original et suffisamment parlant : la liste des titres utilisés depuis l’an 2000 laissait peu de place.

Voilà un ouvrage qui s’avère un modèle du genre dans ce que l’on nomme habituellement un « beau livre », avec un équilibre réussi entre le texte de Martine Laporte et les illustrations d’une grande richesse, ainsi qu’une mise en page particulièrement soignée qui n’est pas étrangère à l’obtention de ce « coup de cœur ».

Le livre remonte assez loin dans l’histoire : au lieu de classiquement démarrer avec le vol historique de 1918, il s’ouvre sur le portrait de Gabriel Latécoère, le père de Pierre (dont l’enfance est évoquée), puis sur les activités de la société familiale à Bagnères-de-Bigorre : spécialités pour l’installation électrique, cantines ambulantes, voitures de l’infirmerie hippomobile… Souci du détail ? Martine Laporte évoque le sobriquet Lachique qui fut accolé au nom Latécoère jusqu’à la fin du XIX^e siècle. La suite est plus connue, mais bénéficie dans Escale d’un traitement particulier. Contrats signés avec l’État, balbutiements de l’aviation commerciale, création de la société d’aviation, missions diverses, personnages marquants (et pas seulement Mermoz et Saint-Exupéry), les drames, la vente… Le texte est robuste et sérieux, difficile à prendre en défaut, bien écrit. Il est de plus richement illustré, ce avec une élégance certaine. La direction artistique n’a pas lésiné, et sous la houlette de Gilles Legleye, a puissamment contribué à la qualité de l’ouvrage. Faut-il le préciser ? L’impression est de qualité, sur un très beau papier, avec un façonnage soigné.

Ce beau livre n’est pas à réserver aux « aéromanes » invétérés. « Tous publics », il est un brillant témoignage d’une aventure qui marqua profondément le XIX^e siècle, avec ses espoirs, ses réussites et ses drames. Peut-être dans le souci de diffuser aussi largement que possible la légendaire histoire de cette ligne aérienne et de ses pionniers, l’éditeur Michel Lafon le propose à un prix étonnamment bas. Une raison supplémentaire pour en faire un « livre-cadeau ».

Philippe Ballarini

L’auteur :
C’est lors d’une rencontre avec Marie Vincente Latécoère (la belle-fille du célèbre industriel), en 2003, que Martine Laporte s’est prise de passion pour une aventure humaine et industrielle hors normes. Membre du conseil de la Fondation Latécoère et fascinée par l’œuvre qu’ont réalisée les défricheurs de cette Ligne, elle se consacre à la mise en valeur des archives de la fondation, afin de transmettre et de défendre la mémoire des anciens auprès des générations futures.
Communiqué de l’éditeur

256 pages, 28,5 x 34 cm, relié + jaquette
2,523 kg
Sur papier coucher satin, 170 g/m²

Préface de Jean-Luc Moudenc, Maire de Toulouse, Président de Toulouse Métropole